Zurich (awp) - Le laboratoire rhénan Santhera a conclu avec son homologue parmesan Chiesi Farmaceutici un accord de licence sur le Raxone (idebenone) dans l'indication contre la neuropathie optique héréditaire de Leber (LHON). Le transfert de propriété pourra rapporter jusqu'à 105 millions de francs suisses, dont 55 millions dès la finalisation de la transaction.

Chiesi disposera des droits sur le Raxone contre la LHON ainsi que toute autre indication en ophtalmologie à l'échelle mondiale, à l'exception des Etats-Unis et du Canada qui continueront d'être approvisionnés par Santhera, précise ce dernier dans un commentaire jeudi.

Le groupe transalpin s'est en outre assuré une option d'acquisition pour l'ensemble des droits sur ce médicament, qui constitue depuis 2015 la première et unique source commerciale de revenus pour Santhera.

"Cet accord de licence sur le Raxone contre la LHON - notre seul actif neuro-ophtalmologique - nous permettra de créer une valeur significative pour nos actionnaires et nous fournira les ressources financières pour nous permettre de nous concentrer sur l'innovation contre les maladies neuromusculaires et pulmonaires", indique le directeur général de Santhera, Thomas Meier, dans le communiqué.

Progression bridée par les régulateurs

Autorisé depuis l'automne 2015 contre la LHON sur le Vieux continent, le Raxone n'a pas encore obtenu l'accès à l'important marché américain.

Santhera se trouve par ailleurs confronté depuis des années aux réticences des régulateurs des deux côtés de l'Atlantique à accéder aux demandes d'homologation de ce médicament contre la dystrophie musculaire de Duchenne (DMD), sous la marque Puldysa. Face à l'insistance, le laboratoire a fini par accepter de mener de nouvelles études cliniques et promettait fin mars le dépôt prochain d'une nouvelle requête auprès de l'Agence européenne des médicaments (EMA).

Un volet de recherches cliniques "exploratoires" sur une éventuelle application contre la sclérose en plaques primaire progressive a en outre délivré début mars des résultats mitigés, ne permettant pas de démontrer un bénéfice pour ce type de patients.

Soucis de trésorerie

Le groupe peine par ailleurs à trouver des financements ces derniers temps, pour notamment honorer le rachat en début d'année dernière auprès d'Idorsia d'une option sur le vamorolone en cours de développement contre la DMD. Le contrat prévoit un premier versement de 20 millions de francs suisses.

Sur les quelque cinquante millions convoités lors du lancement de sa dernière augmentation de capital fin 2018, Santhera n'a pu en collecter que 23,5 millions et se démène depuis entre placements privés et contraction de ligne de crédit pour combler l'écart.

Dans un rare commentaire matinal, Mirabaud souligne que la cession des droits du Raxone dans la LHON permet à Santhera d'étendre à mi-2020 son horizon de financement. La banque privée prévoit qu'à cette date le gendarme européen des médicaments aura donné son feu vert au Puldysa contre la DMD et que Santhera publiera peu après les premiers résultats d'une étude pivot sur le vamorolone. Ce dernier traitement devrait voir s'ouvrir les portes du marché en 2021.

A la Bourse, l'action Santhera a fini en recul de 1,3% à 15,20 francs suisses, dans un SPI en baisse de 0,59%.

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