Oslo (awp/afp) - Les actionnaires de Norwegian Air Shuttle ont adopté lundi un plan de sauvetage qui va donner une bouffée d'air financière à la compagnie à bas coûts dans un secteur aérien ébranlé par la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus.

Le plan évite une faillite présentée comme imminente pour la troisième low cost européenne qui a été l'une des premières à mettre les liaisons intercontinentales à la portée de tous.

Il prévoit de convertir en actions plus de 10 milliards de couronnes (880 millions d'euros) de créances détenues par les porteurs d'obligations et les sociétés de leasing.

La conversion, qui ne laissera quasiment rien aux actionnaires existants, sera suivie par une augmentation de capital, la quatrième en un peu plus de deux ans, susceptible de lever jusqu'à 400 millions de couronnes.

Grâce à ces opérations, la low cost remplira les conditions posées par le gouvernement norvégien pour l'octroi de garanties de 2,7 milliards de couronnes, en plus des 300 millions déjà accordés.

Sans cette bouée de sauvetage, la compagnie était menacée de faillite.

"Il faut que les actionnaires usent de leur droit de vote et disent oui", avait déclaré dimanche le directeur général de Norwegian, Jacob Schram. "Sinon, le conte de fées est terminé", avait-il ajouté.

Réunis --sur une plateforme numérique, pandémie oblige-- lundi en assemblée générale extraordinaire, les actionnaires ont adopté à plus de 95% les différents éléments du plan de crise négociés jusqu'au bout avec les différentes parties prenantes.

Fait inédit selon les experts, les sociétés de leasing auprès desquelles Norwegian loue une partie de ses avions ont accepté de transformer une partie de la dette de la compagnie en parts de capital.

Les nouvelles mesures dilueront très fortement les actionnaires existants qui ne représenteront plus qu'environ 5% du tour de table à l'issue du processus.

Secteur ravagé

Pionnière du low cost longue distance, Norwegian paie le prix d'une politique d'expansion ambitieuse qui a débouché sur une dette colossale alors même que les nouveaux appareils économes en carburant sur lesquels reposaient son modèle économique (Boeing 787 Dreamliner et Boeing 737 MAX) connaissaient de multiples déboires.

Accumulant les pertes depuis trois ans, la compagnie a vu ses difficultés s'aggraver par l'épidémie de nouveau coronavirus qui paralyse le transport aérien depuis plusieurs semaines.

La quasi-totalité de sa flotte est aujourd'hui clouée au sol et environ 7.650 employés, soit 80% du personnel, sont au chômage partiel.

Selon les commentateurs, la bouffée d'oxygène financière devrait permettre au transporteur de survivre plusieurs mois.

"Il est difficile de prédire aujourd'hui comment le trafic aérien va évoluer", a commenté l'analyste indépendant Hans Jørgen Elnaes auprès de TV2 Nyhetskanalen. "Il va falloir que ce nouveau capital tienne jusqu'après l'été et, peut-être, jusqu'à la fin de l'année".

La pandémie de coronavirus a fait des ravages dans le secteur aérien en entraînant une chute de la demande.

Selon l'Association internationale du transport aérien (Iata), le trafic aérien mondial a enregistré en mars la plus forte baisse de son histoire récente avec une chute de 52,9% par rapport à la même période de l'an dernier, retombant au niveau de 2006.

L'épidémie a notamment sonné le glas du transporteur régional britannique Flybe et obligé les compagnies à tailler dans leurs effectifs. La semaine dernière, British Airways a annoncé la suppression de 12.000 emplois, la scandinave SAS --concurrente frontale de Norwegian-- de 5.000, et Icelandair de 2.000.

De son côté, Norwegian dit prévoir un retour à la normale de ses activités en 2022 mais dans un format plus ramassé avec moins de liaisons long courrier et un accent mis sur les lignes plus rentables.

La flotte sera réduite à entre 110 et 120 appareils contre 168 avant l'irruption du coronavirus.

L'action bondissait d'environ 35% en fin de matinée à la Bourse d'Oslo.

afp/ol