Des sénateurs américains, démocrates comme républicains, ont présenté jeudi dernier un projet de loi prévoyant de nouvelles sanctions contre Moscou pour punir son ingérence présumée dans les élections américaines mais aussi pour ses activités en Syrie et en Crimée.

Les marchés russes n'ont réagi réellement que mercredi à la lecture de Kommersant, qui dit s'être procuré un document détaillant les sanctions à l'étude.

Le rouble a franchi les seuils psychologiques de 65 pour un dollar et 75 pour un euro, touchant brièvement un plus bas depuis avril et revenant à quelques kopecks de son creux touché en novembre 2016.

"Le rouble est touché de plein fouet par la thématique des sanctions. Même si rien ne sera fait avec septembre, le signal est là", commente un cambiste d'une grande banque occidentale à Moscou.

Dans l'après-midi, la devise rouble cédait 2,2% à 64,90 pour un dollar et 2,1% à 75,18 pour un euro.

Le rendement des obligations d'Etat à 10 ans, les OFZ, a bondi à 8,12%, au plus haut depuis la mi-mars 2017, et les coûts d'assurance contre le risque de défaut sont montés à un plus haut depuis juin.

"Les investisseurs ont beaucoup d'inquiétudes géopolitiques et cela se reflète dans la prime de risque", commente Phoenix Kalen, responsable de la stratégie pour les marchés émergents chez Société générale à Londres. "Mais ce projet de loi est encore loin d'être adopté et donc je ne m'attends pas à ce que le rouble décroche encore beaucoup à partir de là."

De fait, le projet de loi devra être voté par le Sénat et par la Chambre des Représentants avant d'être signé par le président Donald Trump.

Selon Kommersant, le projet de sanctions vise principalement les grandes banques publiques russes présentes aux Etats-Unis et prévoit aussi des restrictions sur l'achat ou la détention de dette russe.

A la Bourse de Moscou, Sberbank, la première banque russe, perdait plus de 4% dans l'après-midi et sa dauphine VTB cédait 2,1%. L'indice MOEX de la place moscovite reculait de 0,9% à 2.290,50 points.

(Avec les contributions de Karin Strohecker et Claire Milhench à Londres et celles de Vladimir Abramov et Anastasia Teterevleva à Moscou, Véronique Tison pour le service français)

par Andrey Ostroukh

Valeurs citées dans l'article : Sberbank Rossii PAO, Bank VTB PAO