Moscou (awp/afp) - La première banque russe Sberbank a annoncé mardi son intention d'ouvrir un centre de courtage de monnaies virtuelles au sein de sa filiale en Suisse, la législation ne le permettant pas en Russie.

"En Russie, nous ne pouvons pas faire échanger (de crypto-monnaies). Mais nous voulons satisfaire les intérêts des clients", a déclaré à la presse Andreï Chemetov, vice-président de Sberbank et responsable des marchés internationaux de la banque publique.

"Le droit suisse permet de faire du négoce de cryptomonnaies. Nous préparons actuellement une infrastructure complète pour offrir ces services dans le cadre de notre structure suisse", a-t-il déclaré, précisant que ces services d'achat et de vente de monnaies virtuelles ne seraient offerts qu'aux entités juridiques dans un premier temps.

La semaine dernière, le ministère russe des Finances a présenté un projet de loi destiné à réguler les devises virtuelles. En janvier, Guerman Gref, à la tête de Sberbank, avait appelé à la prudence dans la régulation des crypto-monnaies, estimant qu'il s'agissait "d'une grande technologie en développement, que personne n'était encore capable de comprendre".

Mastodonte bancaire héritier des caisses d'épargne soviétique, Sberbank a cherché à se moderniser en profondeur ces dernières années et se veut à la pointe des technologies numériques.

Elle s'est dotée en ce début d'année d'une salle de marché dernier cri, qu'elle affirme être "la plus grande d'Europe".

Lors de sa présentation mardi à la presse, environ 400 employés s'agitaient sur ses près de 4.000 mètres carrés, les yeux rivés sur leurs multiples écrans, "jusqu'à douze par poste de travail" selon la banque.

Guerman Gref figure sur la liste de personnalités russes susceptibles d'être sanctionnées par l'administration américaine publiée dans la nuit de lundi à mardi. Proche du président Vladimir Poutine depuis leurs années communes à la mairie de Saint-Pétersbourg dans les années 1990, il a quitté le gouvernement en 2007 pour prendre la tête de Sberbank.

Sous sanctions des Etats-Unis et de l'Union européenne en réponse au conflit en Ukraine et à l'annexion de la Crimée par Moscou, Sberbank a un accès restreint aux marchés de capitaux occidentaux, où elle ne peut contracter d'emprunts de plus de 14 jours.

A l'automne dernier, Guerman Gref avait annoncé à la télévision russe que Sberbank allait se retirer de "plusieurs" pays européens - sans préciser lesquels -, les sanctions ayant rendu les activités de la banque "extrêmement difficiles" en Europe.

afp/rp