Zurich (awp) - Schindler envisage une offensive judiciaire face à une éventuelle reprise des activités dans les ascenseurs de l'allemand Thyssenkrupp par le finlandais Kone pour des motifs de position dominante sur certains marchés. Selon Reuters, les acquéreurs potentiels avaient jusqu'à mardi pour signaler au géant industriel allemand leur intérêt pour la division Ascenseurs.

Dans le cas où le concurrent finlandais Kone, allié à trois consortiums actifs dans les prises de participations dans des sociétés non cotées (private equity), s'emparerait de la division ascenseurs de Thyssenkrupp, "nous actionnerions probablement la justice en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Chine et peut-être en Australie. Ces affaires prendraient au moins trois à quatre ans", a déclaré mercredi à l'agence Reuters Alfred Schindler, président du conseil d'administration et représentant de la famille Schindler.

M. Schindler a ajouté s'attendre à ce que d'autres rivaux engagent aussi des poursuites en cas de vente à Kone: "Vous pouvez supposer sans risque que ni Otis, ni Schindler n'accepteront simplement d'être chassés" de leurs marchés.

Alfred Schindler avait indiqué en décembre dernier que le fabricant lucernois d'ascenseurs et escaliers mécaniques n'était pas intéressé à une reprise de la division Ascenseurs de l'allemand ThyssenKrupp. Le cas échéant, ce serait un "bain de sang" avec les autorités cartellaires et avec les collaborateurs, avait-il alors relevé dans une interview accordée à Finanz und Wirtschaft.

Une fusion avec ThyssenKrupp Elevator se heurterait à d'énormes difficultés tout au long de la chaîne de création de valeur, selon M. Schindler. Ce dernier a assuré qu'il n'est pas question de détruire de la valeur financière ou de provoquer une débâcle sociale sans nécessité. Schindler et Kone avaient "à l'époque", examiné une fusion. Le résultat: un "désastre total".

Selon les sources anonymes de Reuters, la transaction entre Kone et ses partenaires avec le groupe allemand en difficultés Thyssenkrupp pourrait se monter à pas moins de 17 milliards d'euros (17,92 milliards de francs suisses). Fort des activités du géant d'Outre-Rhin, Kone s'installerait au premier rang du marché des ascenseurs, devant les leaders actuels, l'américain Otis, propriété de United Technologies, et Schindler.

Thyssenkrupp, confronté à de graves difficultés financières, compte sur la vente ou la mise en bourse de sa lucrative activité ascenseurs, la plus rentable de toutes ses unités, pour se donner "un nouveau départ". Le groupe doit rendre sa décision à la fin du mois.

Thyssenkrupp, dont la palette de produits s'étend de l'acier aux sous-marins en passant par les matériaux de construction, a affiché en 2018/2019 une perte nette de 304 millions d'euros, soit cinq fois plus que l'année fiscale précédente. Membre du Dax depuis la création de l'indice, Thyssenkrupp en a été chassé en septembre pour rejoindre les valeurs moyennes du MDax, signe du déclin de sa valeur boursière, qui a fondu de près de 60% depuis 2018.

Thyssenkrupp est notamment victime de la crise européenne de l'acier, une de ses activités historiques, confronté à une chute des prix liée à une surcapacité au niveau mondial et à la concurrence internationale.

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