"Nous nous donnons un mois supplémentaire pour sauver le site d'Ascoval", a déclaré mardi le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire à l'issue d'une réunion avec les parties prenantes du dossier.

"Ça vaut le coup de se battre pour Ascoval (...), ça vaut le coup pour les salariés et ça vaut le coup économiquement puisqu'il y a aujourd'hui des commandes pour le site", a-t-il précisé.

La détermination affichée par le ministre était également manifeste chez les autres participants à la réunion.

"On ira jusqu'au bout", a dit Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale d’Ascoval.

"Un mois, c'est court mais on ne part pas d'une page blanche", a dit le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-Les Républicains).

Au-delà d'un carnet de commandes qui se remplit "plus vite (...) que ce qu'on avait prévu", selon le président d'Ascoval Cédric Orban, Xavier Bertrand a rappelé que les financements publics proposés dans le cadre du plan de reprise soumis par Altifort restaient sur la table, sous réserve qu'ils viennent compléter des fonds privés.

Concernant le profil des repreneurs potentiels, Cédric Orban a évoqué auprès des journalistes une demi-douzaine d'industriels mais aussi des fonds d'investissements, "qui sont apparus récemment".

SÉRIE DE REVERS INDUSTRIELS

Altifort, une entreprise créée en 2014 dans les aciers spéciaux, devait apporter 10 millions de fonds propres et 25 millions de fonds obligataires, sur les 152 millions d'euros du plan de financement. L'Etat et les collectivités locales apportaient 47 millions d'euros, le solde provenant des banques, dont la Banque publique d'investissements BPI France.

Le fait qu'Altifort ne soit pas parvenu à réunir les fonds nécessaires a été ressenti comme un "gros coup de massue" par les salariés du site a souligné Cédric Orban.

Bart Gruyaert, le patron d'Altifort, a quitté la réunion seul au bout d'une vingtaine de minutes et Bruno Le Maire a ensuite dit à la presse avoir appelé cette entreprise qui a "trompé les salariés (...), les élus locaux (...) et l'Etat", à se retirer et à "cesser toute participation dans ce dossier".

A la sortie de la réunion, Xavier Bertrand a précisé se concentrer sur la reprise du site dans l'immédiat mais a laissé entendre qu'il faudrait par la suite éclaircir les conditions dans lesquelles Altifort a pu être considéré comme un repreneur fiable alors qu'il n'a finalement pas réussi à réunir les fonds nécessaires pour la reprise.

Une audience de la chambre commerciale du tribunal de Strasbourg est prévue mercredi pour acter la non-réalisation du plan de reprise et constater le maintien de la procédure de redressement judiciaire pour le site, qui compte 281 salariés.

Coentreprise d'Ascometal (60%) et de Vallourec (40%), Ascoval avait été exclue début 2018 du périmètre d'Ascometal lorsque le groupe, en dépôt de bilan, avait été repris par le groupe suisse Schmolz + Bickenbach.

Cette opération de reprise avortée par Altifort constitue un nouveau revers sur le plan industriel pour le gouvernement, dans le sillage du rejet de la fusion Alstom-Siemens par la Commission européenne au début du mois et la perspective d'une fermeture de l'usine Ford de Blanquefort l'été prochain, scellée lundi.

(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Vallourec, Schmolz&Bickenbach AG