Zurich (awp) - Les voyants sont au rouge chez Schmolz+Bickenbach (S+B). L'aciériste lucernois a publié mardi des résultats en chute libre et très déficitaires au troisième trimestre. L'augmentation de capital proposée apparaît comme une question de survie.

"Après une première moitié d'année déjà marquée par une baisse sensible de la demande, nos marchés se sont effondrés sur une large échelle au troisième trimestre", a commenté le directeur général (CEO) Clemens Iller. "L'industrie automobile a été la plus sous pression, un phénomène renforcé par les incertitudes politiques et les litiges commerciaux", a-t-il ajouté. La quantité d'acier écoulé a notamment reculé de 14%.

En téléconférence de presse, M. Iller a précisé que la conjoncture n'était pas près de s'améliorer. "Nous sommes en pleine tempête, et l'augmentation de capital annoncée (à hauteur de plus de 300 millions de francs suisses) est essentielle pour la poursuite des activités. Il n'y a pas d'alternative."

Le groupe a essuyé une perte nette de 420 millions d'euros (environ 462 millions de francs suisses), contre un léger débours de 3,7 millions au troisième trimestre 2018. Le chiffre d'affaires s'est affaissé de 14% à 670 millions, tandis que le résultat brut (Ebitda) ajusté a plongé à -33 millions, alors qu'il était positif à hauteur de 42 millions un an plus tôt.

Tous ces chiffres sont nettement en dessous des prévisions AWP, qui tablaient notamment sur une perte nette huit fois inférieure, de 50 millions de francs suisses.

Des corrections de valeur de 297,4 millions d'euros sur les actifs nets des unités d'affaires DEW (Edelstahlwerke en Allemagne), Ascometal, Finkl Steel et Steeltec ont dû être faites au cours du trimestre sous revue.

Le groupe a confirmé son objectif annuel, révisé à la baisse fin octobre, à savoir un Ebitda ajusté inférieur à 70 millions d'euros. "Le contexte manque de visibilité, mais nous espérons une normalisation pour 2020", a dit M. Iller.

Le groupe annonce par ailleurs un endettement net de 724 millions d'euros, contre 709 millions à la fin du deuxième trimestre 2019.

Chômage partiel, suppressions d'emplois

L'aciériste continuera sa restructuration, qui touche principalement DEW. Il s'agit de réduire les coûts fixes et de renforcer l'efficacité. Le chômage partiel a été introduit dans plusieurs unités. Des diminutions de postes significatives sont prévues chez DEW à moyen terme, qui devraient se faire cependant sans licenciement. Des réserves de 10 millions d'euros ont été constituées à cet effet.

La groupe a aussi freiné sa production et renégocié certains contrats. Les investissements sont "réduits au minimum" et des travaux d'entretien remis à plus tard.

S+B doit procéder prochainement à une augmentation de capital d'au moins 325 millions de francs suisses afin de se financer. L'assemblée générale des actionnaires se prononcera sur le sujet le 2 décembre.

La société Bigpoint, contrôlée par l'actionnaire de référence Martin Haefner, s'est engagée à soutenir l'augmentation, à condition de détenir toujours au moins 37,5% des parts au terme de l'opération.

S+B est par ailleurs l'objet d'un bras de fer entre Liwet et les organes dirigeants. La société de Viktor Vekselberg, qui détient 26,9% du groupe, veut faire élire quatre nouveaux membres au conseil d'administration en remplaçant notamment le président actuel, Jens Alder.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) recommande de "pondérer au marché", en relevant que l'entreprise a publié trois avertissements sur résultats. La situation est "dramatique", relève l'analyste, mais elle était attendue.

UBS note que l'action a été très volatile ces derniers temps après l'annonce de l'augmentation de capital. "Il faut que la demande montre dès maintenant des signes de reprise", ajoute la grande banque, qui campe sur sa recommandation "neutre".

A la Bourse, l'action Schmolz+Bickenbach a terminé en hausse de 3,7% à 0,24 francs suisses, dans un SPI en baisse de 0,1%.

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