Zurich (awp/afp) - La marge de manoeuvre des Banques centrales a "encore rétréci" avec les récents assouplissements des politiques monétaires, destinés à relancer l'économie, a averti dimanche la Banque des règlements internationaux (BRI), estimant que les politiques budgétaires devraient prendre le relais.

"Si un ralentissement devait se produire, la politique monétaire aurait besoin d'aide", a mis en garde Claudio Borio, son chef du département monétaire et économique, à l'occasion de la publication du rapport trimestriel de cette institution considérée comme la Banque centrale des Banques centrales.

Avec les récentes baisses de taux, les bilans des Banques centrales, qui ont déjà été fortement mises à contribution pour stabiliser l'économie depuis la crise financière de 2007-2008, sont de nouveau en train d'enfler, a-t-il souligné.

"La marge de manoeuvre en termes de politique monétaire a encore rétréci", a-t-il insisté, appelant à "un recours judicieux" à la politique budgétaire "dans les pays qui ont encore de la marge" sur ce plan, a-t-il précisé.

Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) a procédé à une baisse modeste de ses taux directeurs, pour la deuxième fois en deux mois, afin de protéger l'économie américaine face aux incertitudes sur le commerce et l'économie mondiale.

La semaine précédente, la Banque centrale européenne (BCE) avait elle aussi infléchi sa politique monétaire, descendant plus bas en territoire négatif sur son taux de dépôt et réactivant son programme de rachats d'actifs afin de revigorer une économie européenne en perte de vitesse.

Si les mesures des Banques centrales ont contribué à apaiser les tensions sur les marchés d'actions, la BRI, qui analyse chaque trimestre les grands mouvements des marchés financiers et leurs interactions avec les politiques monétaires, a toutefois mis en lumière des déséquilibres sur les marchés obligataires au cours des derniers mois.

A un point bas, le montant des emprunts souverains et des obligations d'entreprise affichant des rendements négatifs a atteint "un nouveau record de plus de 17.000 milliards de dollars", soit "environ 20% du PIB mondial", s'est inquiété M. Borio, ce qui signifie que "de plus en plus d'investisseurs paient pour avoir le privilège de se défaire de leur argent", a-t-il décrypté.

Une telle situation aurait été "impensable", même au plus fort de la crise financière il y a plus de dix ans, a-t-il insisté, jugeant "quelque peu troublant qu'un phénomène auparavant inimaginable devienne monnaie courante".

Le chef économiste de cette institution sise à Bâle, en Suisse, a régulièrement exhorté à mettre en place des réformes et à limiter la charge sur les Banques centrales, mettant en garde contre les fragilités financières qui pourraient résulter d'un recours prolongé à des taux bas, en particulier des risques de gonflement de la dette des ménages et des entreprises.

afp/rp