La rentrée a démarré sur les chapeaux de roues pour le secteur financier, qui a connu huit mois très compliqué sur le marché boursier. L'assureur mutualiste Covéa (MAAF, MMA, GMF) a proposé le mariage à la Scor, qui a repoussé les avances en dépit d'une prime non-négligeable sur le dernier cours coté.
Scor a éconduit Covéa. L'assureur mutualiste a approché le réassureur avec une offre en numéraire à 43 EUR par action, soit une prime de 21,3% sur le cours de clôture de la séance du 3 septembre, 35,45 euros. Mais le conseil d'administration de la Scor, réuni le 30 août, a repoussé le projet, qui a été abandonné. Cependant, Covéa, qui est aussi le premier actionnaire du réassureur avec un peu plus de 8% du capital, reste intéressé par un rapprochement, d'autant que le financement de la transaction était sécurisé. Aucune approche hostile n'est envisagée à ce stade, mais la porte reste ouverte pour une proposition amicale.
Le titre gagnait environ 8% en fin de matinée, à 38 EUR. La Scor a réagi en jugeant que l'offre est "fondamentalement incompatible" avec sa stratégie d'indépendance, qu'elle remettrait en cause son projet et "qu'elle ne reflète ni la valeur intrinsèque de Scor ni sa valeur stratégique". Le rejet par le conseil d'administration a été unanime.
Juste prix entre 45 et 49 EUR ?
"Je pense que les investisseurs devraient patiemment attendre une proposition plus élevée", juge Philip Kett, en charge du secteur pour la banque Jefferies. L'analyste explique en effet que l'offre à 43 EUR représente 12 fois les résultats en vue l'année prochaine, alors par exemple qu'Axa a payé 16 fois les résultats de XL. "Je pense que Scor mérite une prime plus élevée et je soutiens le rejet de l'offre par le management", ajoute-t-il.
Covéa n'est pas un actionnaire de longue date : sa montée au-delà des 8% date du rachat des parts de Sompo en 2016. La compagnie d'assurance japonaise avait d'ailleurs en son temps montré de l'appétit pour la Scor, dont elle avait pris 9% du tour de table en 2015. Mais aucune offre formelle n'avait atteint le conseil d'administration.
Mais quel est le juste prix ? Kett a dressé une liste de neuf rachats dans la réassurance depuis deux ans. Les opérations ont fait apparaître un multiple moyen de 1,53 fois la valeur comptable, alors que la proposition de Covéa se limite à 1,34 fois, soit une décote de 12,5%. Pour atteindre le niveau moyen, il faudrait hisser le curseur à 49 EUR. Mais l'analyste intègre aussi les actifs incorporels issus des opérations TransAmerica Re et Generali US, ce qui pourrait ramener le prix dans la zone 45 à 46 EUR. Toutefois, d'autres éléments peuvent entrer en ligne de compte, notamment le fait que Scor est un actif de bien meilleure qualité que d'autres ayant récemment fait l'objet d'opérations (XL notamment) : numéro un de la réassurance vie aux Etats-Unis, plus belle diversification du secteur et présence dans le gotha mondial. Une chose est sûre : le dossier vaut plus de 43 EUR par action pour le représentant de Jefferies.
Scor SE est le 1er réassureur français. Les primes émises brutes par activité se répartissent comme suit :
- réassurance vie et santé (51,2%) ;
- réassurance non vie (48,8%) : réassurances dommages (couverture des dommages aux biens industriels et commerciaux, aux véhicules, aux navires, aux marchandises stockées ou transportées, couverture des pertes causées par des incendies, et couverture de responsabilité civile) et de spécialités (couverture des risques dans les domaines de l'agriculture, de l'aviation, de la construction et de crédit-caution).
La répartition géographique des primes émises brutes est la suivante : France (17%), Europe (44,7%), Extrême Orient (18,8%), Amérique du Nord (7,4%), Amérique du Sud (2,2%), Afrique (0,7%) et autres (9,2%).