LONDRES, 2 janvier (Reuters) - La baisse des budgets alloués par les gérants d'actifs à la recherche financière, conséquence de la mise en oeuvre de la directive européenne MiFID II, a forcé de nombreux bureaux de courtage en Europe à réduire leur couverture des petites et moyennes capitalisations depuis un an.

Une analyse établie par Reuters de la couverture des analystes par place boursière et valeurs individuelles à Londres, Paris, Francfort et Madrid révèle l'ampleur de la baisse un an après l'entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation.

Au sein de quatre principaux indices boursiers de la région - le Dax 30, le CAC 40, l'Ibex 35 et le FTSE 100 -, le nombre moyen d'analystes par valeur est tombé de 23 à 21 depuis décembre 2017.

La réduction au sein des indices regroupant les petites capitalisations, dont les valeurs étaient couvertes par une poignée d'analystes seulement avant même MiFID II, a été encore plus prononcée.

Le nombre moyen d'analystes couvrant une société de l'indice allemand SDAX est tombé à 8,5 en décembre contre 9 un an plus tôt. Ce chiffre a reculé à 2,6 sur le FTSE Small Cap contre 2,7 en décembre 2017.

Pour Matt Evans, gérant d'un portefeuille de petites valeurs britanniques chez Investec, cela deviendrait inquiétant si la couverture moyenne sur le FTSE Small Cap tombait à moins de deux.

"C'est important pour conserver de la liquidité et pour le fonctionnement du marché", dit-il.

"Je m'inquiète de la façon dont on garantit aux entreprises qu'elles ont toujours l'opportunité de lever des fonds. (...) Si une 'large cap' du FTSE est couverte par 19 analystes, est-ce que cela importe si ça tombe à 12 ? Quand vous travaillez avec deux ou trois analystes, là, il y un impact."

A Londres, la société de revêtements de sol Carpetright n'est plus couverte que par un seul analyste contre sept il y a encore un an.

En Allemagne, Ceconomy, un des plus gros distributeurs d'électronique grand public en Europe et principal actionnaire du français Fnac Darty, a vu le nombre d'analystes suivant ses performances diminuer d'un tiers.

En France, le nombre d'analystes couvrant le groupe Séché Environnement est tombé de sept à trois.

La FCA et l'AMF, les gendarmes boursiers britannique et français, ont déjà indiqué tous deux qu'ils examinaient l'impact sur le marché des changements induits par MiFID II.

A Paris, la plate-forme d'information MiFID Vision, qui regroupe plusieurs acteurs de la place parmi les gérants, analystes et émetteurs, a calculé que trois analystes en moyenne suivaient les valeurs dont la capitalisation est comprise entre 150 millions et un milliard d'euros, contre cinq analystes trois ans auparavant.

D'après ses données, près de 40% des petites et moyennes sociétés cotées à Paris sont suivies par un seul analyste ou par aucun.

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ECLAIRAGE-Un an après, MiFID II met plus que jamais les brokers sous pression

(Josephine Mason; Blandine Hénault pour le service français, édité par Marc Angrand)

Valeurs citées dans l'article : Séché Environnement, Ceconomy, Carpetright plc