Introduite en Bourse en 2014, Serge Ferrari a souhaité refaire le point avec nous après une année 2018 compliquée. Alors que l’année 2019 montre des signes de redressement très nets de la profitabilité, la direction partage son envie de reprendre les développements. Entretien.

Philippe Brun, pouvez-vous nous rappeler succinctement l’activité et l’historique de Serge Ferrari Group ?

 « Serge Ferrari est un industriel, doté d’usines en France, en Suisse et en Italie. Nous sommes innovants, avec 5% de nos effectifs consacrés à la R&D, et très présents à l’international puisque 75% de notre CA est réalisé en dehors de France. La société a été créé en 1973, introduite en Bourse en 2014, et reste détenue à 69% par la famille Ferrari. Nous fabriquons des matériaux composites à destination des professionnels du bâtiment, de l’industrie ou des particuliers. L’équipement en toits des stades lors de grands évènements comme les coupes du monde ou les J.O. symbolisent ce que nous sommes capables de réaliser. Nous travaillons actuellement sur la coupe du monde de football qui aura lieu au Qatar en 2022. »

La famille Ferrari a 69% du capital du Groupe. Comment sa participation a-t-elle évolué ? Qui sont les autres actionnaires ?

 « La famille n’a pas cédé d’actions lors de l’introduction en Bourse qui s’est faite par augmentation de capital. Elle s’est même renforcée ces derniers mois, profitant de la baisse d’un cours divisé par deux depuis l’IPO malgré l’évolution favorable de l’entreprise. La capitalisation boursière est aujourd’hui équivalente au BFR… Les principaux investisseurs aux cotés de la famille sont BPI France, Tikehau et CM-CIC Investissement. Ils totalisent à eux trois un peu moins de 15% du capital. La moitié de nos salariés français sont actionnaires depuis l’introduction en Bourse, à travers un PEE. Personnellement, j’ai acheté des actions peu avant l’introduction en Bourse et j’en détiens 30 000. »

Source : société

La profitabilité de l’entreprise a connu un creux en 2018. Que s’est-il passé ?

 « 2018 fut en effet une année un peu compliquée, notamment du fait du renchérissement des matières premières que nous transformons pour réaliser nos membranes. Nous utilisons des matières premières de spécialité. Sur ces marchés, l’offre est réduite et spécialisée, ce qui fait qu’elle est relativement décorrélée des matières premières de référence comme le prix du baril. De plus, la répercussion des hausses ne peut se faire qu’avec un décalage dans le temps compte tenu des engagements pris par nos clients vis-à-vis de leurs propres clients. Ces éléments, qui nous ont coûté 2 M€, sont maintenant derrière nous. Nous avons depuis entrepris une transformation commerciale et industrielle qui a commencé à porter ses fruits comme le montrent nos résultats semestriels de l’exercice 2019. Nous souhaitons rapidement retrouver une rentabilité plus conforme à nos performances historiques. »

Qu’entendez-vous par cela ? Le redressement de votre profitabilité au 1er semestre sera-t-il confirmé sur le reste de l’année ?

 « Nous avons réalisé un résultat opérationnel de 6,4 M€ au 1er semestre, contre 2,8M€ sur la totalité de l’année 2018. Cependant, on ne peut extrapoler ces chiffres sur l’ensemble de l’année : notre activité connait la même saisonnalité que celle du bâtiment, ce qui fait que notre 1er semestre concentre typiquement 75% de nos profits. Le redressement de notre profitabilité n’est pas achevé. Après les mesures de modération salariale et de baisses de charges externes, il s’agit d’atteindre un niveau de croissance qui nous permette de mieux saturer nos usines et d’atteindre un Ebitda supérieur à 10% afin d’autofinancer notre croissance. »

Source : société

Vous affichez un objectif de croissance organique de 4,5%. Quelle est votre visibilité ?

 « Nos matériaux prennent des parts de marché sur les matériaux traditionnels, d’où cet objectif, qu’il ne sera pas facile d’atteindre pour autant en 2020. Nous comptons sur un retour de nos investissements sur la zone Middle East-Asie-Pacifique, où notre force commerciale est très active. Certes l’Asie connait un certain ralentissement de la croissance économique, mais le potentiel y est énorme, notamment en Chine où le Président a indiqué vouloir construire 15 000 stades…Aux Etats-Unis, nous serons a priori épargnés par les mesures protectionnistes. Quant à l’Europe, qui représente 75% de notre activité, il s’agira de maintenir notre compétitivité dans un contexte attentiste, notamment en Allemagne et en Angleterre. »

Avez-vous des projets de croissance externe dans les tuyaux ?

« Nous avons réalisé deux petites acquisitions ces dernières années et pourrions avoir de nouveau recours à ce moyen de développement une fois la croissance organique installée. Nous ne nous interdisons pas d'étudier des projets d'acquisitions qui feraient sens en termes de technologie complémentaire ou de zone géographique. Ce serait un bon moyen de mettre le pied en Asie par exemple, avec une base industrielle déjà installée. Notre situation de cash net légèrement positive en fin d’année nous donne une capacité d’emprunt pour réaliser des opérations de taille petite ou moyenne. »

Serge Ferrari est-elle une entreprise conforme à un investissement socialement responsable ?

« L’environnement est une préoccupation très importante des actionnaires dirigeants. Le recyclage de nos matériaux en fin de vie ainsi que nos chutes de fabrication ont fait l’objet de R&D et de dépôt de brevets, ce qui nous permet aujourd’hui de regénérer des matières premières pour notre propre production. A savoir que nos membranes de quelques millimètres d’épaisseur, d’une durée de vie de 30 ans, constituent d’un point de vue environnemental une alternative intéressante aux matériaux traditionnels comme l’acier, le bois et le verre. »

Source : société