Genève (awp) - SGS a dû se résoudre à adapter ses objectifs 2020, présentés il y a deux ans, à la réalité actuelle. En prélude à ses journées des investisseurs en France, le groupe a raboté ses prévisions de marge opérationnelle ajustée. Le spécialiste genevois de l'inspection et de la certification veut accélérer le rythme des acquisitions, mais risque fort de rater la cible.

D'ici 2020, la marge opérationnelle ajustée des amortissements et des effets non récurrents devrait s'établir à 17% au moins, a indiqué mercredi SGS. Auparavant, le plancher était fixé à 18%. L'origine de cet abaissement n'est que vaguement expliquée, le groupe évoquant des changements dans le marché qui ont touché certaines activités.

Questionné sur ces changements, le porte-parole Daniel Rüfenacht rappelle que des réponses seront apportées lors des journées des investisseurs de jeudi et vendredi à Bordeaux. "L'objectif de 18% n'est que retardé, en raison de tensions à court terme sur le marché. Les fondamentaux à long terme demeurent bons", assure-t-il à AWP.

SGS a d'ailleurs reconduit ses objectifs pour l'année en cours. Le groupe table sur une croissance organique solide, veut accroître la marge opérationnelle ajustée et générer un fort flux de trésorerie.

"Nous avons réalisé d'importants progrès dans le repositionnement de certaines divisions pour faire face au récent ralentissement dans les matières premières, nous avons renforcé notre activité principale et apporté quelques changements à la direction", explique le directeur général (CEO) Frankie Ng, cité dans un communiqué.

La société genevoise a ramené ses perspectives de marge opérationnelle à un niveau plus réaliste. "Les objectifs ont été fixés il y a plus de deux ans. Personne n'avait 18% dans ses projections", souligne Frédéric Potelle, analyste chez Bordier. Le consensus table sur 16,7%.

Pour bon nombre de spécialistes, la marge opérationnelle n'est d'ailleurs que l'arbre qui cache la forêt. La véritable nouvelle du jour serait l'abaissement de l'objectif des acquisitions, pas clairement explicité dans le communiqué. SGS parle d'une "accélération", sans s'épancher davantage.

Loin du milliard

Les entreprises rachetées ces dernières années ont contribué au chiffre d'affaires à hauteur de 300 millions de francs suisses, bien loin de l'objectif de 1 milliard sur cinq ans, à l'horizon 2020.

Chez Vontobel, on parle d'une révision à la baisse des ambitions dans ce domaine. Frédéric Potelle arrive à la même conclusion. "Sur la période définie, 60% du temps est écoulé et seulement 30% des acquisitions ont été réalisées. A moins d'un ou deux rachats d'ampleur, il sera impossible de rattraper ce retard, même en accélérant le rythme", affirme l'analyste de Bordier.

Ce dernier constate par ailleurs que l'objectif de croissance externe de 1 milliard n'est mentionné nulle part dans le document publié en matinée par SGS.

La discipline en termes de rendement que s'impose la société peut constituer un obstacle à certaines acquisitions, reconnait M. Potelle. La disparition cette année de deux responsables importants - le président Sergio Marchionne et Jean-Luc de Buman, membre de la direction générale - a peut-être également pesé.

Les acquisitions constituent une pièce importante du dispositif de croissance du spécialiste genevois de l'inspection et de la certification. Cette année, le groupe a conclu huit rachats. Depuis 2012, le nombre s'est élevé à 90, selon des indications fournies mercredi.

"Le plan d'acquisition était dans les clous sur les 18 premiers mois. Désormais, SGS s'efforce de publier un communiqué de temps en temps pour annoncer des transactions. Mais ce n'est pas avec des entreprises de 17 personnes et 3 millions de chiffre d'affaires que l'objectif sera atteint", conclut Frédéric Potelle.

Les investisseurs sont restés prudents. A la clôture de la Bourse suisse, le titre SGS a pris 0,5% à 2396 francs suisses, restant derrière l'indice vedette SMI (+0,65%).

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