(Actualisé avec citations, contexte)

PARIS, 22 janvier (Reuters) - Alstom et Siemens ne feront pas de concessions supplémentaires pour obtenir le feu vert de la Commission européenne à leur rapprochement dans le rail, a déclaré mardi le ministre de l'Economie et des Finances.

"Ils ont fait d'ultimes concessions pour répondre aux demandes de la Commission européenne, Alstom et Siemens ne feront pas de concessions supplémentaires qui pourraient fragiliser ces deux groupes, c'est maintenant à la Commission européenne de prendre ses responsabilités", a déclaré Bruno Le Maire lors des questions au gouvernement au Sénat.

Les deux groupes ont présenté des propositions aux autorités de la concurrence, comprenant des remèdes qui portent principalement sur des activités de signalisation et des produits de matériels roulants et représentent environ 4% du chiffre d'affaires de l'entité combinée, a déclaré la semaine dernière le groupe français.

"J'estime que si jamais la Commission européenne devait rendre une décision négative sur la création d'un champion industriel européen, d'un géant du ferroviaire pour résister à la concurrence chinoise et à la concurrence d'autres grandes nations du monde, elle ferait une erreur économique et une faute politique", a-t-il poursuivi.

L'action Alstom a creusé ses pertes à la Bourse de Paris après les déclarations du ministre. A 17h02, le titre cédait 2,59% à 34,29 euros.

Ces déclarations interviennent au lendemain des propos de la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager, qui a déclaré à Paris qu'à ce stade de la procédure, tout groupe qui voudrait remédier à des inquiétudes devrait être très direct dans ses propositions.

La Commission doit rendre sa décision sur le rapprochement des deux groupes, qui donnerait naissance au deuxième groupe ferroviaire au monde, derrière le chinois CRRC le 18 février au plus tard.

"J'ai parfois l'impression que la Commission européenne, les responsables européens ne vivent pas dans le même monde que le nôtre et n'ont pas vu que depuis quinze ans un champion chinois de l'industrie ferroviaire avait émergé", a déclaré Bruno Le Maire, soulignant le poids mondial de la China Railway Rolling Stock Corporation (CRRC), sous contrôle du gouvernement.

"Il y a 26.000 kilomètres de ligne à grande vitesse et très grande vitesse en Chine, qui est un marché captif pour les Chinois, il y en a 9.000 en Europe", a-t-il dit.

"CRRC fait 200 à 220 trains à grande vitesse ou à très grande vitesse chaque année, Alstom et Siemens à eux deux, ils en font 35. CRRC, c'est le double du chiffre d'affaires d'Alstom et de Siemens réunis."

(Julie Carriat, avec Marc Angrand, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : CRRC Corp Ltd, Alstom, Siemens