Berlin (awp/afp) - Emporté par la transition du secteur énergétique, le conglomérat allemand Siemens a annoncé mardi se délester de son activité de turbines pour centrales électriques, son activité historique, 150 ans après l'invention de la dynamo-électrique par Werner Siemens dans son atelier de Berlin.

Siemens ne faisait déjà plus de téléphones et avait introduit en Bourse ses équipements médicaux (Healthineers) et sa division d'éoliennes (Gamesa) et ses ampoules (Osram). La division "Power & Gaz" de Siemens se trouvait sur la sellette depuis des mois, sous la pression des actionnaires, malgré 7.000 licenciements déjà annoncés et les fermetures de sites en Allemagne.

Siemens a finalement opté pour une introduction en Bourse de "Power and Gaz", planifiée "d'ici à septembre 2020", après séparation des secteurs concernés qui seront "pleinement autonomes" pour la conduite de leurs activités, a précisé le géant allemand dans un communiqué.

Siemens entend néanmoins conserver une minorité de blocage dans le nouvel ensemble, qui regroupera l'ensemble des activités liées à la production et transmission d'énergie.

Selon les médias allemands, l'introduction en Bourse pourrait être le prélude, dans un deuxième temps, à un rapprochement avec un concurrent.

Les principaux rivaux de la division turbines de Siemens sont l'américain General Electric, le japonais Mitsubishi et l'italien Ansaldo.

La division de turbines de Siemens a pesé l'an dernier 12,4 milliards d'euros de chiffres d'affaires pour des effectifs de 44.000 employés à travers le monde.

Siemens avait remporté récemment de massifs contrats, mais de plus en plus rares, à travers le monde, comme en Egypte ou en Irak.

Mais en pleine désaffection pour les énergies fossiles et au milieu d'une réorganisation des structures de production qui tend à favoriser les plus petites et plus décentralisées, les giga turbines de Siemens étaient de moins en moins demandées.

La rentabilité de cette division n'a atteint que 3% de marges l'an dernier, alors que le conglomérat dans son ensemble s'est fixé comme objectif une rentabilité de 11% à 15%.

'Survivre à cette révolution'

Pour les actionnaires, Siemens doit en finir avec "l'effet de décote" dû à sa structure de conglomérat. L'industriel allemand suit ainsi l'exemple des autres "konzern" allemands - les entreprises qui offrent des produits différents au sein d'un même groupe financier - comme Thyssenkrupp, Bayer, Continental, qui multiplient scissions et mises en Bourse.

"Pour survivre à cette à révolution, nous devons pouvoir aller à différentes vitesses, et devons établir clairement une marque pour notre activité dans ce secteur", a déclaré Joe Kaeser, le patron de Siemens, lors d'une conférence téléphonique.

La future entité cotée de Siemens dans l'énergie, qui se rapprochera de Siemens Gamesa (éolien), sera aussi désormais spécialisée dans les technologies de l'énergie et les services connexes. Basée en Allemagne, ses ventes seraient estimées à 30 milliards d'euros, pour 88.000 employés, contre 44.000 actuellement, grâce à des synergies.

Sur le front des emplois, Siemens n'annonce pas de nouvelles suppressions de postes, en plus des 7.000 déjà mises en oeuvre.

Le conseil de surveillance, ainsi que les syndicats et conseils de représentants du personnel ont approuvé ce remodelage de l'entreprise historique allemande, précise le groupe dans un communiqué.

Que restera-t-il donc, en nom propre, de Siemens ? A l'avenir, le groupe souhaite se concentrer sur ses activité "d'usines du futur", les industries numériques et les infrastructures intelligentes, a insisté lundi soir Joe Kaeser.

Reste également le rail. Siemens n'a mentionné à aucun moment le sort de sa division Mobility, qui devait fusionner en 2018 avec le groupe français Alstom, avant que la Commission européenne n'appose son véto au projet.

afp/rp