Zurich (awp) - Le chimiste de la construction Sika a dépassé pour la première fois les 7 milliards de francs suisses de chiffre d'affaires en 2018. La croissance devrait se poursuivre en 2019, également portée par le rachat du groupe français Parex, pour lequel le groupe zougois va débourser 2,5 milliards.

Suite à cette transaction, la plus importante de son histoire, Sika compte calmer ses ardeurs. "Nous marquons désormais une pause pour les grosses acquisitions", a indiqué mardi Paul Schuler dans une conférence. Le directeur général de Sika a balayé les rumeurs sur un rachat des activités de construction de BASF. "Nous ne sommes pas en train de négocier un accord avec BASF, détendez-vous!", s'est-il exclamé.

Sika a enregistré des ventes de 7,09 milliards en 2018, enregistrant une "solide" croissance de 13,7% en monnaies locales, a précisé l'entreprise. Le résultat opérationnel (Ebit) annuel est attendu entre 940 et 960 millions de francs suisses, en dessous des attentes des analystes.

Trois facteurs ont pesé sur la rentabilité: le renchérissement des matières premières, le franc fort et des coûts uniques. Les prix des matières premières ont augmenté plus que les 6% prévus. Sika est en train de relever ses prix pour compenser cet effet, a expliqué la direction.

L'année dernière, Sika a ouvert 11 nouveaux sites de production et a effectué quatre acquisitions - dont l'italien Index Construction Systems and Products, le suisse Polypag et le roumain Arcon Membrane - a rappelé le groupe dans un communiqué.

La croissance a été soutenue par l'ensemble des zones géographiques. Dans la région Europe, Proche-Orient et Afrique (Emea), une croissance des ventes de 14,2% en monnaies locales a été enregistrée, portée par les marchés espagnol et britannique. En Europe de l'Est, en Afrique et au Proche-Orient, des taux de croissance à deux chiffres ont été enregistrés.

La région Amériques a vu ses ventes progresser de 11,7%. Aux Etats-Unis, les investissements et les initiatives commerciales ont permis d'enregistrer une croissance à deux chiffres. Au Brésil et en Colombie, la marche des affaires a été inférieure à la moyenne. Sika s'est établi au Honduras pour continuer de croître en Amérique centrale. Au Pérou et au Guatemala, de nouvelles usines ont été inaugurées.

En Asie-Pacifique, la croissance a atteint 5,5%, portée par l'Inde, l'Indonésie et la Chine. Enfin, le nouveau segment Global Business a vu son chiffre d'affaires bondir de 29,2%, dont 23,0% sont liés à l'acquisition de Faist ChemTec. Ce segment rassemble les activités dans l'automobile avec les domaines Advanced Resins et Faist ChemTec.

Prévisions 2019 confirmées

Le groupe a confirmé ses prévisions de croissance de 6% à 8% en 2019 et s'attend à voir son bénéfice progresser de manière plus que proportionnelle. En fonction de la date de finalisation de l'acquisition du français Parex, les ventes devraient dépasser les 8 milliards de francs suisses.

La finalisation de la transaction est attendue au deuxième ou au troisième trimestre, sous réserve de l'approbation des autorités compétentes. Des synergies annuelles de l'ordre de 80 à 100 millions de francs suisses sont attendues. Elles devraient être atteintes en l'espace de quatre ans après la finalisation de la transaction, a expliqué le directeur financier Adrian Widmer.

Mais il faut s'attendre à des coûts de transaction et d'intégration de 70 millions au cours des trois prochaines années. M. Widmer souligne que les dépenses en investissements seront rabotées de 35 millions sur cette même période. Dans la mesure où Parex dispose de pas moins de 74 sites de production, plusieurs usines prévues ne devront pas être réalisées.

Présent dans 23 pays, Parex a réalisé des ventes de 1,2 milliard de francs suisses en 2018 et s'attend à un résultat opérationnel Ebitda de 195 millions, pour une marge aux alentours de 16%.

L'acquisition de Parex a enthousiasmé les cercles d'analystes. Le prix d'achat de 2,5 milliards de francs suisses a été jugé intéressant, de même que les marges élevées de la société française. La transaction augure également de solides synergies. Si les ventes de Sika en 2018 sont en ligne avec les attentes, l'Ebit escompté a par contre déçu. Certains analystes ont mis cela sur le compte de prix des matières premières en hausse.

A la cloche, Sika a cédé presque 4% à 120,40 francs suisses tandis que le SMI a progressé de 1,1%.

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