Washington (awp/afp) - La banque centrale américaine devrait procéder mercredi à une nouvelle hausse des taux d'intérêt, estiment les acteurs financiers qui s'attendent aussi à une accélération de la cadence des relèvements cette année.

"Il est fort probable que la Fed augmente ses taux" mercredi, affirme l'économiste Joel Naroff, reflétant l'opinion de l'écrasante majorité des acteurs financiers qui estiment que la Fed va faire passer son taux interbancaire au jour le jour dans la fourchette de 0,75% à 1%.

En décembre, peu après l'élection présidentielle et la victoire de Donald Trump, la Réserve fédérale avait déjà relevé légèrement ses taux. Les participants au Comité (FOMC) avaient projeté trois modestes hausses cette année pour faire monter à 1,4% le coût de l'argent que les banques se prêtent entre elles.

Mais vu la remontée de l'inflation (1,9%, selon l'indice PCE sur lequel s'appuie la Fed), le bas taux de chômage (4,7%) et surtout la perspective de la politique budgétaire expansionniste annoncée par l'administration Trump, la Fed risque de devoir accélérer le rythme, estiment plusieurs analystes.

"Il est temps de commencer à reconnaître que les taux vont vraiment augmenter cette année probablement plus vite et plus fort qu'on ne le croyait", estime M. Naroff.

Après la publication d'un communiqué à 18H00 GMT mercredi, assortie de nouvelles prévisions économiques, la présidente Janet Yellen tiendra une conférence de presse très attendue.

Selon Randall Kroszner, un ancien gouverneur de la banque centrale, la patronne de la Fed est "certainement ouverte" à un rythme plus rapide de hausses. "Ils veulent que les choses restent graduelles mais ils vont peut-être avoir besoin de resserrer plus rapidement", a affirmé à l'AFP M. Kroszner, qui enseigne l'économie à l'Université de Chicago.

La banque centrale s'est défendue jusqu'ici de prendre en compte les projets d'expansion budgétaire du président Trump, notamment les réductions d'impôts et les dépenses en infrastructures, tant que ceux-ci ne sont pas votés.

En dopant la demande, ce stimulus économique pourrait s'avérer inflationniste à un moment où, vu le bas taux de chômage, les salaires devraient commencer à augmenter pour attirer et garder de la main d'oeuvre.

La Fed, a "pour tradition de ne pas tenir compte des risques liés à la politique budgétaire tant que ceux-ci ne se sont pas matérialisés", explique à l'AFP, Joe Gagnon, du Peterson Institute of International Economics.

OPTIMISME

Mais avant même d'être en place, les plans de relance de M. Trump ainsi que ses projets de déréglementation ont déjà un impact sur le moral des entrepreneurs, sur celui des ménages et sur les performances boursières, autant d'indicateurs qui attirent l'attention de la Fed.

"Ils ne peuvent pas ne pas tenir compte de l'optimisme qui affecte les conditions financières", affirme Randall Kroszner. "C'est une des grosses raisons pour laquelle ils vont augmenter les taux", assure Joe Gagnon. Depuis l'élection du 8 novembre, l'indice Dow Jones a gagné quelque 2.500 points.

A l'issue du FOMC, les marchés seront aussi attentifs à une éventuelle réaction de Donald Trump, qui, à l'inverse de son attitude critique durant la campagne électorale, s'est gardé jusqu'ici de commenter les gestes de la banque centrale.

Il avait vilipendé pendant la campagne Janet Yellen pour avoir laisser les taux bas afin, selon lui, de favoriser le président démocrate Barack Obama.

Le mandat de Mme Yellen à la tête de la banque centrale arrive à terme en février 2018. D'ici là, le président Trump a la possibilité de nommer trois gouverneurs de la Fed, deux postes étant actuellement vacants et un troisième se libérant fin avril avec le départ annoncé de Daniel Tarullo.

Ces gouverneurs siègent en permanence au Comité monétaire aux côtés de quatre des 12 présidents régionaux de la Fed qui y participent à tour de rôle.

Pour la première fois dans l'histoire de la banque centrale, un noir vient d'être nommé président d'une de ces banques régionales. Poussée sous l'administration Obama à faire preuve de plus de diversité, la Fed a finalement accueilli lundi un afro-américain à la tête de la banque régionale d'Atlanta. L'économiste Raphael Bostic, 50 ans, remplacera Dennis Lockhart en juin.

afp/fr