La perspective d'une vente rapide et sans accroc de l'activité de puces mémoire NAND de Toshiba, deuxième fabricant mondial derrière Samsung Electronics, demeure toutefois incertaine.

Western Digital, qui exploite avec Toshiba la principale usine de semi-conducteurs du conglomérat au Japon, a saisi la justice américaine pour empêcher son partenaire de vendre cette activité sans son consentement. Or il ne fait pas partie du groupe de repreneurs désigné mercredi.

Le consortium choisi par le conseil d'administration de Toshiba a proposé environ 2.000 milliards de yens, pour cette activité, a précisé un porte-parole du groupe japonais.

Ce montant est inférieur à l'offre de 2.200 milliards de yens proposée par un autre consortium formé par le fabricant américain de semi-conducteurs Broadcom et le fonds de capital-investissement Silver Lake.

Le consortium emmené par le gouvernement japonais, bien que mis sur pied de manière précipitée, est néanmoins considéré par nombre d'analystes comme l'acquéreur le plus probable car il obtiendrait automatiquement un accord implicite des autorités nippones qui souhaitent voir cette activité rester sous contrôle national.

En outre, pour certains analystes, les discussions sur ce dossier très contesté ont été si complexes que seule une solution orchestrée par le gouvernement est jugée viable. D'autres experts doutent cependant que le consortium puisse offrir à cette activité les dirigeants dont elle a besoin.

WESTERN DIGITAL CAMPE SUR SA POSITION

"Il y a beaucoup de parties impliquées dans ce consortium", a déclaré Atsushi Osanai, professeur à la Waseda University Business School.

"Il a connu tant de revirements lors de sa mise en place, si bien que je suis sceptique quant à sa capacité à prendre rapidement des décisions audacieuses. En ce sens, Broadcom ou Foxconn serait plus appropriés", a-t-il ajouté.

Outre Bain Capital, le consortium inclut le fonds adossé à l'Etat japonais Innovation Network Corp of Japan (INCJ) et la Development Bank of Japan. Le fabricant de semi-conducteurs sud-coréen SK Hynix et la division bancaire de Mitsubishi UFJ Financial Group discutent également pour contribuer au financement de l'offre du consortium.

Toshiba a déclaré dans un communiqué avoir pris en considération les inquiétudes concernant les transferts de technologie, la sécurité de l'emploi pour sa main-d'oeuvre locale et l'éventuelle approbation des autorités de régulation.

À la suite de cette annonce, Western Digital a réaffirmé dans un communiqué que Toshiba avait enfreint leurs contrats de coentreprise et a déclaré qu'une audience d'un tribunal américain sur sa demande d'injonction était prévue pour le 14 juillet.

Aucun représentant de Broadcom n'était disponible dans l'immédiat pour un commentaire. Silver Lake de son côté s'est refusé à tout commentaire.

Foxconn, premier sous-traitant mondial en électronique, est également intéressé par les puces de Toshiba. Le groupe taïwanais, dont la raison sociale est Hon Hai Precision Industry, avait dit la semaine dernière avoir rallié Apple et Dell autour d'un consortium et avoir mené des discussions avec Google, la maison mère d'Alphabet, Microsoft et Cisco Systems pour qu'ils participent eux aussi à cette offre.

Foxconn n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de Reuters.

Toshiba, menacé d'une radiation à la Bourse de Tokyo après avoir publié en avril des comptes non certifiés, a été contraint de vendre sa division de semi-conducteurs afin de compenser les pertes de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse.

Le conglomérat industriel a déclaré vouloir aboutir à un accord définitif le 28 juin, jour de son assemblée générale.

A la Bourse de Tokyo, l'action Toshiba a fini en repli de 2,18% à 323 yens, sous-performant l'indice Nikkei en repli de seulement 0,45%.

(Avec Naomi Tajitsu et Junko Fujita à Tokyo, Joyce Lee à Séoul et JR Wu à Taipeh; Juliette Rouillon, Benoît Van Overstraeten et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Makiko Yamazaki