Après avoir ouvert à 38,50 dollars, le titre est resté demandé toute la séance sur le New York Stock Exchange et a clôturé à 38,62 dollars, soit un bond de 48,54% par rapport à son prix de référence de 26 dollars fixé la veille.

En séance, l'action a atteint un plus haut de 42 dollars.

Son cours de clôture confère à la société une valorisation de plus de 25 milliards de dollars (22,1 milliards d'euros).

Une cotation directe diffère d'une traditionnelle offre publique de vente (IPO) en ce qu'elle ne permet pas à l'entreprise de lever des fonds mais simplement aux actionnaires existants de vendre leurs titres une fois l'action cotée. Cette méthode, qui permet notamment de verser nettement moins de commissions aux banques d'investissement chargées de l'opération, a déjà été utilisée l'an dernier par Spotify.

"Nous pensons qu'une cotation directe est une manière plus efficace de parvenir à un niveau normalisé d'offre et de demande sans les contraintes d'une IPO", a dit Allen Shim, directeur financier de Slack.

Cependant pour Kathleen Smith, de Renaissance Capital, "le débat n'est pas clos sur le fait de savoir si c'est la bonne méthode ou non. Si on regarde Spotify, il faut un peu de temps avant que l'action se stabilise après une cotation directe".

En avril 2018, les débuts en Bourse de Spotify ont été considérés comme un succès, avec un grand nombre d'acheteurs et de vendeurs. Mais plus d'un an après, le titre évolue environ 15% sous son premier cours, le spécialiste de la musique en ligne sacrifiant encore ses marges à sa croissance.

AIRBNB AUSSI TENTÉ PAR LA COTATION DIRECTE ?

"Par certains aspects, (une cotation directe) est une meilleure manière de déterminer la valeur d'une nouvelle entreprise pour le marché", juge pour sa part Michael Hewson, analyste en chef de CMC Markets, qui insiste sur le rôle limité, dans une telle opération, de banquiers tentés d'enjoliver l'offre pour attirer les investisseurs.

Après les débuts en Bourse décevants d'Uber et de Lyft malgré la forte attente ayant précédé leurs IPO, la cotation directe de Slack pourrait avoir des implications pour d'autres candidats à une mise sur le marché, comme Airbnb, qui envisage de recourir aussi à cette méthode, a dit une source proche du dossier.

"Les cotations directes sont encore un véhicule assez neuf. C'est vraiment intéressant de voir comment cela évolue", a déclaré la semaine dernière Micha Kaufman, directeur général de Fiverr, après les débuts en Bourse de cette place de marché électronique israélienne.

"Mais c'est assurément plus judicieux pour les entreprises qui ont levé des sommes importantes sur de longues périodes lors de tours de table avec des investisseurs privés et qui veulent vraiment donner à leurs actionnaires un avantage ou une porte de sortie."

Slack a fait état pour 2018 d'un chiffre d'affaires en hausse de plus de 80% à 400 millions de dollars mais d'une perte d'exploitation de 143,85 millions. L'entreprise compte plus de 90 millions d'utilisateurs mais seulement 100.000 payants.

"Nous sommes dans une phase de croissance actuellement et nous continuons à investir mais nous nous attendons à atteindre bientôt une génération de trésorerie à l'équilibre", a dit Allen Shim.

Slack disposait fin avril d'environ 800 millions de dollars de trésorerie et assimilés et a jusqu'à présent levé 1,2 milliard de dollars auprès d'investisseurs privés, selon le fournisseur de données PitchBook et des avis financiers de l'entreprise.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Joshua Franklin et Carl O'Donnell