Moins de quatre mois après la présentation de son plan stratégique, Société Générale vient de connaître un coup dur avec le départ inattendu du Directeur général délégué, Didier Valet. En Bourse, l’action de la banque française affiche la plus forte baisse de l’indice CAC 40, avec un recul de 3,2% à 43,625 euros. Ce départ fait suite à "une différence d’appréciation dans la gestion d’un dossier juridique spécifique du groupe, antérieur à son mandat de Directeur général délégué".

Ce dossier concernerait l'affaire de manipulation du taux Libor alors que Didier Valet était directeur financier de Société Générale. Sa démission a vocation à protéger la banque qui est dans le viseur de la justice américaine s'agissant de ce litige. Elle constitue une lourde perte pour l'établissement, sachant que Didier Valet était en charge de la Banque de financement et d'investissement, de la Banque privée, de la Gestion d'actifs et des Métiers titres.

Jefferies s'attend à ce que l'action Société Générale reste sous forte pression tant qu'il n'y aura pas plus de visibilité sur le résultat des litiges auxquels la banque fait face. Les investisseurs ne savent pas en effet si les 2,3 milliards de provisions prévues à cet effet seront suffisantes. Outre le Libor, deux autres contentieux n'ont pas été réglés par la banque : un différend avec le fonds souverain libyen Libyan Investment Authority et les soupçons de violation d'embargo aux Etats-Unis.

Les analystes notent cependant que ce départ n'est peut-être pas une mauvaise nouvelle sur le plan des litiges. La démission de Didier Valet pourrait en effet suggérer une issue rapide à celui concernant le Libor, donnant ainsi plus de visibilité sur la capacité de Société Générale à régler l'ardoise des deux autres contentieux.

Le départ de Didier Valet crée des incertitudes sur les objectifs de Société Générale

Sur le plan opérationnel, les brokers sont en revanche unanimes sur la perte que constitue le départ de ce cadre dirigeant. CM-CIC souligne ainsi que Didier Valet était une personnalité appréciée, qui "avait su imposer et incarner le changement de culture d'entreprise de la banque d'investissement après la crise financière et le scandale Kerviel".

Rappelant également son rôle pivot dans le repositionnement de la banque ces dernières années, Jefferies juge que sa démission apportera plus d'incertitudes sur la capacité de Société Générale à atteindre les objectifs du plan stratégique dévoilé fin novembre.

A ce sujet, la banque de La Défense s'est efforcé de rassurer : elle prévoit d'annoncer prochainement le nom du remplaçant du Directeur général délégué, dont les fonctions seront assurées dans l'intervalle par le Directeur général, Frédéric Oudéa.

L'agenda de Frédéric Oudéa sera lourdement chargé. Quelques minutes avant la publication du communiqué de Société Générale, Capgemini a indiqué que son Conseil d'administration a proposé sa nomination en tant qu'administrateur. Elle doit cependant être encore approuvée par l'Assemblée Générale du 23 mai.