Paris (awp/afp) - La banque française Société Générale, en passe de résoudre un contentieux avec la justice américaine, a publié jeudi des résultats en progression, surtout à l'international, mais qui n'ont pas franchement convaincu la Bourse de Paris.

Entre avril et juin, le groupe a vu son bénéfice net progresser de 9,3% (+8,6% en données retraitées) à 1,15 milliard d'euros, essentiellement grâce à ses activités de banque de détail et de services financiers à l'international.

Le produit net bancaire - équivalent du chiffre d'affaires - d'un montant de 6,45 milliards d'euros, affiche pour sa part un bond de 24,1%. Cette progression est en trompe l'oeil: elle tombe à 1% une fois retraitée d'éléments comptables et de la charge exceptionnelle de 963 millions d'euros dont la banque avait dû s'acquitter en mai 2017 pour solder un litige l'opposant au fonds souverain libyen, la Libyan Investment Authority (LIA).

La banque au carré rouge et noir, mêlée à une dizaine de contentieux, a par ailleurs annoncé poursuivre "activement ses discussions avec les autorités américaines en vue de conclure un accord transactionnel" dans le cadre d'une enquête concernant la violation supposée d'embargos.

Celui-ci pourrait être conclu "dans les prochaines semaines", précise le groupe français qui, depuis plusieurs mois, répète vouloir en terminer rapidement avec ces litiges pour se concentrer sur son métier.

En juin, Société Générale avait annoncé avoir soldé deux autres gros litiges principalement instruits aux Etats-Unis: le volet pénal du contentieux avec le LIA, et les manipulations du taux interbancaire Libor.

Désormais, la banque mentionne avoir augmenté de 200 millions d'euros sa provision pour litiges, qui s'établit à 1,43 milliard d'euros à fin juin.

La banque de détail peine en France

Au deuxième trimestre, l'activité de banque de détail et services financiers internationaux permet au groupe français de faire bonne figure avec une augmentation de ses revenus de 5,4% à 2,07 milliards d'euros, qui toutefois ne se répercute pas au niveau du bénéfice, en baisse d'environ 5%.

Il se voit néanmoins conforté dans son choix de développement hors zone euro, où les taux sont plus avantageux, et dans sa stratégie de diversification des services financiers (assurances, location longue durée de véhicules).

Car, en France, Société Générale peine toujours face aux taux bas qui font reculer revenus et bénéfice de la banque de détail, les commissions perçues ne permettant pas de compenser le repli des gains de marge d'intérêt, dû aux renégociations sur les crédits immobiliers.

Dans cette branche, le groupe table maintenant sur une baisse sur l'année de 1% à 2% des revenus, alors qu'il comptait auparavant les stabiliser.

Sans communiquer d'éléments financiers précis, le groupe se félicite toutefois de la conquête de plus de 1,5 million de clients par sa filiale Boursorama, numéro un de la banque en ligne en France, qui devrait atteindre sa cible de 2 millions de clients dès 2019, avec un an d'avance.

Cessions et futures acquisitions stratégiques

Poursuivant son objectif de recentrage stratégique de ses activités, Société Générale a parallèlement annoncé avoir conclu deux accords avec son homologue hongroise OTP Bank pour lui céder ses parts majoritaires dans Express Bank en Bulgarie et dans Société Générale Albanie.

Ces deux transactions interviendront dans les prochains mois, indique le groupe sans préciser leurs montants. Bien que devant améliorer son ratio de solvabilité, elles se traduisent sur ce trimestre par une moins-value de 27 millions d'euros.

Elles surviennent peu après la vente annoncée lundi de la branche banque privée en Belgique à sa consoeur néerlandaise ABN Amro et celle en juin de la banque en ligne espagnole Self Trade Bank au fonds d'investissement américain Warburg Pincus.

"Nous allons dégager du capital, nous pouvons saisir des opportunités d'acquisition comme on l'a fait pour Commerzbank" avec le rachat des activités de marchés actions et matières premières, a souligné Frédéric Oudéa, directeur général du groupe, lors d'une conférence téléphonique.

"En banque de financement et d'investissement, il est possible qu'il y ait d'autres opérations comme celle(-ci)" a-t-il ajouté estimant qu'il y avait "trop d'acteurs en Europe par rapport aux Etats-Unis" sur cette activité.

Dans cette branche, la stabilité des revenus comme du bénéfice montre la résistance des activités de marché du groupe, là où BNP Paribas a enregistré un net ralentissement sur ce trimestre.

A la Bourse de Paris, ces résultats ont reçu un accueil réservé, le titre de Société Générale subissant un recul de 2,25% à 37,11 euros à la clôture.

afp/jh