A l'issue d'une assemblée générale de six heures, qui s'est tenue aux Docks de Paris à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), les actionnaires ont aussi nommé trois nouveaux administrateurs pour les représenter au conseil d'administration.

Ils ont revanche refusé de révoquer Robert de Metz, le président du conseil d'administration de SoLocal, après le dépôt de résolutions de dernière minute.

Sur proposition d'actionnaires opposés au plan de restructuration financière, Alexandre Loussert, le président de l'association Regroupement PPLocal, l'investisseur Arnaud Marion, qui a redressé le volailler Doux, et l'ancien banquier Jacques-Henri David feront leur entrée au conseil d'administration de SoLocal.

En revanche, les nominations des actionnaires activistes Benjamin Jayet et Philippe Besnard n'ont pas été approuvées.

Les actionnaires ont suivi l'appel d'un groupe de frondeurs qui avait invité à rejeter le plan de restructuration de la dette telle que proposée par la direction de SoLocal.

Ces derniers reprochent à la direction de ne pas avoir associé les actionnaires aux négociations et de leur avoir soumis un plan de restructuration financière trop favorable aux créanciers.

Ils espèrent désormais pouvoir renégocier la restructuration financière. Mais il reste encore à savoir ce que décideront les créanciers qui avec ce vote, peuvent exiger le remboursement de la dette, ce qui risquerait de mettre SoLocal en situation de cessation de paiement.

"AGIR VITE"

Au cours de la séance, Jean-Pierre Remy, le directeur général de SoLocal, avait exhorté les actionnaires à soutenir le projet de restructuration financière, en insistant sur le fait qu'à défaut de feu vert, le groupe serait inévitablement contraint de réduire ses investissements, d'arrêter certaines de ses activités et de tailler dans ses effectifs.

"Il est urgent d'agir vite", a-t-il déclaré.

"On ne peut pas diriger une entreprise sans visibilité à moyen terme", a encore souligné Jean-Pierre Remy. "Le mur de la dette se rapproche (...) Cette entreprise, elle a besoin qu'on la libère des chaînes de la dette."

Annoncé début août, le plan de restructuration financière vise à ramener la dette de SoLocal à 400 millions d'euros contre 1.164 millions actuellement.

Pour ce faire, deux augmentations de capital sont prévues, dont l'une réservée aux créanciers dans la cadre d'une conversion de dette en capital.

Vivement critiqué par des actionnaires frondeurs, ce projet a toutefois été approuvé la semaine dernière par les créanciers à la majorité des deux tiers.

Au cours de l'AG, plusieurs salariés se sont exprimés pour soutenir le projet de restructuration financière.

"Nous ne sommes pas une start-up, mais une entreprise solide fragilisée par les jeux d'argent de ceux qui ne produisent rien, uniquement motivés par l'appât du gain", pouvait-on aussi lire sur un tract des syndicats Autonome et CFE-CGC distrubué à l'entrée.

En Bourse, avant l'issue de l'AG, l'action SoLocal a clôturé mercredi à 3,162 euros, faisant ressortir la capitalisation boursière du groupe à 121 millions d'euros.

Depuis le début de l'année, le titre a perdu plus de la moitié de sa valeur (-54,61%) après avoir déjà plongé de 60% en 2015.

(Edité par Benoît Van Overstraeten)

par Matthieu Protard