Scor et Covéa ont publié des communiqués mardi indiquant que Covéa avait adressé une offre publique en numéraire à 43 euros par action visant 100% du capital le 24 août dernier et que cette proposition avait été rejetée le 30 août.

"Le conseil d'administration de Scor a examiné en détail les termes et conditions de cette proposition non sollicitée et a conclu qu'elle était fondamentalement incompatible avec la stratégie d'indépendance de Scor, qui est un facteur clé de son développement", a dit le réassureur.

Il ajoute qu'à ses yeux, cette offre "remettrait en cause son projet industriel fortement créateur de valeur et qu'elle ne reflète ni la valeur intrinsèque de Scor ni sa valeur stratégique", et que tout projet d'offre publique serait considéré comme "hostile".

Covéa, principal actionnaire de Scor avec 8,2% du capital, a annoncé de son côté que la décision du conseil d'administration du réassureur conduisait au retrait de son projet d'offre, tout en réaffirmant "son intérêt pour une opération amicale".

Il a précisé que son offre était financée sur ressources propres et par endettement sécurisé.

Scor a bondi mardi de 9,08% à 38,67 euros à la Bourse de Paris, après un plus haut à 39,15 euros, en tête de l'indice SBF 120, qui a cédé 1,16%.

PRIME DE 21%

L'offre de Covéa représente une prime de 21% sur le cours de clôture de lundi.

"Puisqu'elle ne valorise le groupe qu'à un peu plus de 12 fois les bénéfices attendus pour 2019 et 2020, nous pensons que les investisseurs devraient patiemment attendre une meilleure valorisation", expliquent les analystes de Jefferies dans une note.

En appliquant à Scor un multiple de valorisation de 1,53 la valeur comptable, qui correspond à la moyenne des opérations de fusions-acquisition réalisées récemment dans le secteur, et après ajustement, ils estiment que "le niveau approprié pour une offre devrait être plus près de 45-46 euros par action".

Scor a démenti mardi soir dans un communiqué une information du site de BFM Business selon laquelle il discuterait depuis plusieurs mois avec un autre partenaire.

"Contrairement à ce qui est affirmé, Scor n'a eu aucune discussion avec Partner Re, ni avec aucune autre société", précise le groupe.

Entré au tour de table de Scor en 2003, Covéa s'est renforcé en avril 2016 en reprenant les parts acquises l'année précédente par le japonais Sompo. Il est aujourd'hui son premier actionnaire devant Allianz Global Investors (4,89% du capital), selon les données Thomson Reuters.

Dans un secteur en pleine consolidation, un rapprochement entre les deux groupes donnerait naissance à un nouveau champion de l'assurance et de la réassurance pesant plus de 30 milliards d'euros de primes et permettrait notamment à Covéa d'internationaliser son activité.

A la clôture de mardi, la capitalisation boursière de Scor atteint 7,4 milliards d'euros. Le cours du titre a progressé de 15,7% depuis le début de l'année, alors que l'indice Stoxx du secteur européen de l'assurance est en recul de 2,8%.

(Avec Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot)

par Gilles Guillaume et Inti Landauro