Le patron de la chaîne de vente d'articles sportifs britannique Sports Direct International, Mike Ashley, n'a pas la langue dans sa poche, c'est de notoriété publique. Celui qui est aussi milliardaire et patron du club de football de Newcastle a provoqué la chute de plus de 12% de l'action de sa société à Londres à la mi-journée, en clamant haut et fort que si les résultats semestriels au 28 octobre étaient en hausse de 15,5%, Sports Direct avait enregistré un mois de novembre "incroyablement mauvais". Une morosité qui a touché toute la consommation britannique, de son point de vue. Pour être tout à fait exact, le cours avait commencé à glisser dans le rouge lorsque le groupe avait annoncé que les coûts de redressement de l'enseigne récemment acquise House of Fraser seraient plus élevés que prévu. "Les distributeurs ne peuvent pas subir de tels mois de novembre. Ça va littéralement les mettre en morceaux", a-t-il indiqué aux analystes.
 
Une lettre incroyable à Debenhams
 
Ashley fait aussi jaser la City pour une autre raison aujourd'hui. Le milliardaire a envoyé un courrier assez inhabituel au conseil d'administration de Debenhams, une enseigne britannique en difficultés dont Sports Direct détient près de 30% du capital. S'adressant à "Sergio" (Sergio Rodriguez Bucher, le CEO), il se désole que le conseil d'administration n'ait pas saisi la main qui lui était tendue alors que la consommation a connu son pire mois de novembre outre-Manche. Et Ashley de citer toutes les rumeurs qui accablent Debenhams, jusqu'à celle évoquant "la spéculation sur une chance de survie proche de zéro".

Dans un tel contexte, le milliardaire ne voit pas pourquoi le conseil refuse le prêt de 40 millions de livres qui lui a été proposé par Sports Direct en échange de nouvelles actions. "Nous vous avons dit ce que nous pensions, nous avons essayé d'être constructifs. Après avoir proposé notre assistance pratique, que vous avez refusée, nous vous proposons d'abord l'argent, et dans un second temps l'assistance pratique", poursuit Ashley, qui "suppute que les banques ne seraient pas mécontentes de voir quelqu'un d'autre injecter des fonds à leur place". "Peux-tu reconsidérer la proposition et me répondre d'ici l'heure du déjeuner vendredi", conclut le patron de Sports Direct. Rendez-vous demain, donc.