Zurich (awp) - Une croissance solide et une rentabilité améliorée n'auront pas suffi au constructeur de matériel roulant Stadler Rail au premier semestre. Le groupe thurgovien a déçu les attentes et raboté son objectif de marge opérationnelle en prévision d'une pénalité financière en Grande-Bretagne.

Le chiffre d'affaires s'est inscrit à 1,12 milliard de francs suisses, ce qui représente une hausse de 40% sur un an, indique mardi Stadler Rail, qui a fait son entrée à la Bourse suisse le 12 avril.

Dans son communiqué, Stadler rappelle que le premier semestre permet habituellement de générer un tiers du chiffre d'affaires annuel, le solde en deuxième partie d'exercice. Cette règle s'applique aux deux divisions, Rolling Stock (matériel roulant) et Service and Components.

Entre janvier et juin, les entrées de commandes ont atteint 2,31 milliards (+178%), à comparer aux 831 millions enregistrés au premier semestre 2018. Au terme de la période sous revue, le carnet de commandes s'élevait à 14,38 milliards (+9%).

L'unité Rolling Stock a conclu des nouveaux contrats pour un volume de 1,7 milliard de francs suisses, un montant pratiquement triplé sur un an. La division matériel roulant pesait 11,67 milliards de francs suisses de commandes à fin juin. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 1 milliard (+44%) au premier semestre, hors commandes internes.

Les entrées d'ordres ont atteint 602,6 millions pour Services and Components, un chiffre presque multiplié par 2,5% sur un an, pour un carnet de 2,71 milliards. Les revenus de cette division ont pris 10% à 113,3 millions.

A l'échelle du groupe, le résultat opérationnel avant intérêts et impôts (Ebit) a gonflé d'un tiers à 46,9 millions de francs suisses. Le bénéfice net s'est envolé de 263% à 27,5 millions, précise Stadler.

Un fournisseur fait défaut, Stadler paie

Le chiffre d'affaires manque totalement les prévisions des analystes interrogés par AWP, qui plaçaient cet indicateur entre 1,35 et 1,40 milliard de francs suisses. L'Ebit s'inscrit dans le bas de la fourchette d'un consensus fixé à 53,2 millions.

Pour 2019, Stadler Rail confirme son objectif de chiffre d'affaires annuel de 3,5 milliards de francs suisses. La marge Ebit est attendue à 7%, soit 0,5 point de moins qu'auparavant.

En révisant à la baisse cet indicateur, Stadler Rail anticipe une amende dont il va écoper en Grande-Bretagne. Le groupe n'a pas pu livrer dans les temps 58 trains à la société britannique Abellio East Anglia, en raison d'un problème avec un fournisseur.

Stadler ne pourra toutefois pas répercuter les pénalités de retard sur cette société, de taille moyenne et qui ne pourrait pas supporter financièrement une telle charge, a averti le patron de Stadler Thomas Ahlburg en conférence téléphonique.

Le directeur général n'a pas souhaité chiffrer l'amende, évoquant des négociations en cours avec le client lésé par ce retard. "Nous ne nous attendons plus à de telles surprises sur d'autres marchés", a-t-il cependant assuré.

Dans son communiqué, le constructeur de Suisse orientale déplore un contexte économique toujours difficile. La force du franc continue de provoquer des "distorsions" qui vont perdurer au second semestre. Les affaires libellées en euro, en livre sterling, ainsi qu'en couronnes suédoise et norvégienne sont particulièrement concernées par ce phénomène.

Dans leurs commentaires, les analystes s'inquiètent principalement de ces effets de change, tout en louant la solidité du carnet de commandes de Stadler, qui confère au groupe passablement de marge de manoeuvre.

A la Bourse, l'action Stadler Rail a fini en recul de 5,1% à 42,00 francs suisses, dans un SPI en baisse de 0,65%.

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