Paris (awp/afp) - Les représentants du personnel de Conforama ont tenté vendredi d'obtenir du gouvernement des "informations fiables" sur le sort du spécialiste de l'ameublement en difficulté, lors d'une réunion avec le ministère de l'Economie dont ils ne sont pas sortis rassurés, a-t-on appris de sources syndicales.

Les quatre syndicats représentatifs de Conforama, la CGT, FO, la CFDT et la CFE-CGC, ont participé en soirée à une réunion par visioconférence avec le Ciri, la cellule du ministère de l'Economie qui accompagne les entreprises touchées par la crise sanitaire.

Conforama a récemment sollicité un prêt garanti par l'Etat (PGE) auprès de ce comité interministériel de restructuration industrielle, qui porterait sur un montant de 320 millions d'euros selon FO (2e syndicat de l'enseigne).

Mais ce prêt ne lui a pas encore été accordé, et "on ne connaît pas le timing dans lequel il pourrait l'être", a indiqué à l'AFP Abdelaziz Boucherit, délégué syndical central de la CGT Conforama (1er syndicat), qui a exprimé sa "totale déception" à l'issue de la réunion avec le Ciri.

"L'entreprise est éligible au PGE et avait commencé à se redresser depuis quelques mois" avant d'être frappée par la crise liée à l'épidémie de Covid-19, souligne-t-il.

Selon FO Conforama, "l'Etat a proposé de monter son taux de garantie" d'un éventuel prêt à hauteur de "90%". "Pourquoi les banques renâclent?", s'est interrogé Jacques Mossé-Biaggini, délégué syndical central.

"Cette réunion a montré qu'il risque d'y avoir des problèmes graves en termes sociaux et psychosociaux. On a des gens à bout de nerfs, on a tous l'anxiété de savoir si on va être payés en juillet", ajoute le responsable FO.

L'enseigne, qui compte 9.000 salariés en France et dont dépendent environ 20.000 emplois chez ses fournisseurs et fabricants, fait face à d'importants problèmes de trésorerie.

Contrôlée depuis 2011 par un actionnaire sud-africain, Steinhoff, elle a mis en oeuvre un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en plusieurs étapes concernant 1.900 salariés au total.

Ce plan homologué fin février est désormais "gelé" faute de financement, selon FO. "Si nous n'obtenons pas le prêt garanti par l'Etat, il est quasiment certain que 1.500 salariés seront licenciés dans le cadre du PSE avec le minimum légal, sans le supra-légal" négocié par les syndicats et la direction, regrette FO Conforama.

Les syndicats s'interrogent également sur le rôle que le concurrent But est appelé à jouer.

Les fonctionnaires de Bercy "ont confirmé que But a manifesté un intérêt. S'agit-il d'une offre ferme? Ils ne peuvent pas nous répondre", regrette M. Mossé-Biaggini.

Dans une note interne en date du 20 mai obtenue par l'AFP, le directeur général de Conforama France, Marc Ténard, indique que "le PGE est toujours l'option sur laquelle nous nous focalisons".

"Néanmoins, les banques nous ont contraints d'examiner d'autres options, dont un rapprochement avec But et cela fait partie de mes responsabilités d'examiner tous les scénarios qui permettraient de préserver les intérêts de Conforama, de ses collaborateurs et de l'ensemble de sa filière", poursuit-il.

"Si But reprend l'intégralité des établissements et nous laisse jouir de l'enseigne Conforama, ça pourrait être une bonne solution", estime le responsable FO.

"Quelle que soit la solution pour Conforama, il y aura de la casse sociale", redoute son collègue de la CGT.

afp/rp