Paris (awp/afp) - CAC 40, FTSE-100, Dax ou encore Eurostoxx 50: rejoindre un indice phare offre bien des récompenses aux entreprises élues, à commencer par une belle visibilité, mais cette distinction n'est pas exempte de contreparties.

Lors de l'entrée de son groupe dans l'Eurostoxx, en septembre dernier, le PDG du géant du luxe Kering, François-Henri Pinault, n'a d'ailleurs pas boudé son plaisir, en voyant dans cette "étape symbolique", le "signe de la confiance du marché dans notre capacité à réaliser une croissance organique profitable, soutenue et pérenne".

Régulièrement révisés, les indices boursiers accueillent un nombre restreint de sociétés, sélectionnés sur des critères tels que leur capitalisation et le nombre d'échanges enregistrés sur les titres. Les opérateurs boursiers font généralement appel à un conseil scientifique distinct de leurs activités pour effectuer ces révisions.

Obtenir un ticket d'entrée dans les plus grands indices mondiaux apporte une nouvelle vitrine au groupe sélectionné.

"Nous bénéficions d'une plus grande visibilité, notamment auprès des investisseurs internationaux, d'autant plus qu'un certain nombre de fonds n'investissent que dans les sociétés du CAC 40, pas celles du SBF 120", témoigne ainsi auprès de l'AFP le porte-parole d'un groupe qui a rejoint l'indice vedette parisien ces dernières années.

Cela permet également d'être référencé au sein de produits financiers qui rassemblent des paniers d'actions, comme les ETF (exchange traded fund), qui répliquent la performance d'un indice donné et connaissent un succès croissant.

"De facto, quand une entreprise intègre l'indice, elle bénéficie de cette manne d'investissement sur son titre puisque les gérants doivent répliquer en permanence la structure de l'indice", explique à l'AFP Marc Lefèvre, associé France du cabinet EY.

Cet intérêt renforcé pour le titre a tendance à faire grimper le cours de l'action au moment de l'entrée dans l'indice, mais cet effet est lissé dans le temps, selon les experts du secteur.

"Indicateur de bonne santé"

Faire partie d'un indice majeur "est un indicateur de bonne santé de l'entreprise, qui lui permet par ailleurs de se financer plus facilement, que ce soit par l'émission de nouvelles actions ou obligations", indique à l'AFP Antoine Pertriaux, associé du cabinet de conseil Cognizant consulting.

"Les investisseurs qui accordent un financement à l'entreprise prennent théoriquement moins de risque, étant donné qu'elle a un business modèle qui fonctionne et qu'elle bénéficie d'un marché secondaire très liquide", soit où le nombre d'échanges est élevé, abonde Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

La présence dans un indice aide en outre indirectement l'entreprise à renforcer son activité à l'étranger. "Cela peut encourager des groupes, notamment étrangers, à travailler avec cet acteur plutôt qu'avec un autre", précise M. Pertriaux.

Mais être propulsé sur le devant de la scène ne revêt pas que des avantages. Bien qu'il en résulte de bonnes conditions pour développer un groupe, les dirigeants peuvent voir leur marge de manoeuvre se réduire.

"Ils vont devoir satisfaire en premier lieu les paramètres financiers très suivis par les analystes, sous peine d'être sanctionnés par les marchés, ce qui peut les amener à mettre de côté par exemple des stratégies d'investissement plus audacieuses ou de plus long terme", détaille M. Pertriaux.

Ainsi, "il y a une plus forte pression des investisseurs lors de la période des résultats, un décalage par rapport aux attentes peut avoir un impact très fort sur le cours", nuance aussi M. Dembik.

Et une baisse prononcée du cours de l'action peut susciter de la méfiance chez les investisseurs, qui, par la suite, durciraient les conditions de financement.

De même, l'éviction d'un grand indice va de pair avec une perte de confiance en la valeur. Mais si un titre quitte un indice, tout n'est pas perdu.

Un certain nombre de groupes sont parvenus à réintégrer un indice qu'ils avaient quitté. "Il y a différentes recettes, il faut reconstituer notamment une capitalisation suffisante, ce qui prend toujours un peu de temps", observe M. Lefèvre.

Le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics et le constructeur automobile Peugeot ont relevé le défi, parvenant à réintégrer le club du CAC 40, quelques années après en avoir été exclus.

afp/ol