Le texte, et notamment l'abaissement du taux de l'impôt sur les sociétés de 35% à 21%, bénéficiera en premier lieu aux entreprises américaines mais les analystes de JPMorgan ont déjà dressé une liste de 41 valeurs européennes susceptibles elles aussi d'en profiter.

Plus de 15% des sociétés composant l'indice européen Stoxx 600 réalisent plus d'un tiers de leur chiffre d'affaires (CA) sur le marché nord-américain, selon les données Thomson Reuters.

Pour 31 d'entre elles, comme Pearson, Luxottica ou Publicis, la proportion des revenus réalisée aux Etats-Unis dépasse 50%.

Selon les analystes de Liberum, le britannique Ashtead, un spécialiste de la location d'équipements industriels dont la branche américaine, Sunbelt, a réalisé 86% du chiffre d'affaires total en 2016, devrait ainsi bénéficier d'un "impact important" de la réforme fiscale.

Le groupe a déclaré aux analystes s'attendre à voir son taux d'imposition passer de 34%-35% à 23%-25%, ce qui devrait se traduire par une augmentation de 15% de son résultat courant en 2020.

Le groupe hôtelier InterContinental Hotels (58% du CA aux Etats-Unis) a quant à lui déclaré jeudi que son taux d'imposition diminuerait de cinq à dix points et qu'il pourrait bénéficier d'un crédit impôt "exceptionnel" lié à la réforme.

Kepler Cheuvreux estime de son côté que pour le groupe italien de matériaux de construction Buzzi Unicem, la réforme pourrait contribuer à hauteur de 10 points à la croissance du bénéfice par action (BPA).

Les cours de nombreuses valeurs européennes exposées au marché américain ont déjà nettement progressé grâce aux espoirs placés par les investisseurs dans le projet de réforme fiscale. Mais Mike Bell, responsable de la stratégie de marché de JPMorgan Asset Management, note que les analystes n'ont pas encore pleinement intégré ce facteur dans leurs estimations de résultats pour 2018.

"Il ne serait pas très surprenant que malgré la hausse des PE (ratios cours/bénéfice) déjà constatée, la révision à la hausse des bénéfices puisse se traduire par une hausse supplémentaire (des cours)", dit-il.

Toutes les sociétés cotées facturant une part importante de leur CA en dollars ne sont toutefois pas appelées à bénéficier dans les mêmes proportions de la réforme.

Morgan Stanley explique ainsi que le spécialiste de la restauration collective Sodexo, qui réalise aux Etats-Unis 61% de son bénéfice d'exploitation, pourrait voir celui-ci augmenter de 6% grâce au texte. En revanche, le rival britannique Compass devrait "peu" en bénéficier, son taux d'imposition américain étant déjà inférieur à celui du groupe français.

Daniel Ekstein, analyste d'UBS, cite quant à lui l'exemple du distributeur Ahold Delhaize, qui réalise 62% de ses ventes aux Etats-Unis, mais affiche déjà un taux d'imposition relativement bas d'environ 24% et pourrait donc tirer moins de profits de la réforme que ses principaux concurrents.

Ces derniers, ajoute-t-il, pourraient en outre profiter de la réduction de leurs impôts pour baisser les prix de vente.

"Si le secteur américain de la distribution devait bénéficier, par exemple, d'une réduction moyenne de 5% du taux d'imposition, nous pensons qu'à moyen terme, on pourrait voir les prix en rayon diminuer de 5% et non les marges augmenter de 5%", résume-t-il dans une note.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Blandine Hénault)

par Alasdair Pal