Avec des gains supérieurs à 12% au cours du 1er trimestre 2019, l'indice large européen STOXX 600 a réalisé un solide premier semestre, marqué par des performances très disparates. La configuration n'a guère profité aux télécoms, qui n'ont même pas grappillé 2%, contrecoup de leur bonne résistance en 2018. Les bancaires restent infréquentables aux yeux des investisseurs : elles sousperforment quand les marchés baissent mais aussi lorsqu'ils montent. Les segments voyages & loisirs et médias n'ont guère brillé non plus depuis le début de l'année. Par contre, la distribution se détache largement et affiche plus de 20% de hausse sur la période, devant les ressources de base et le segment alimentaire & boissons. Les rendements sont illustrés par le tableau qui suit.
 

Source Zonebourse
 
Intéressons-nous plus particulièrement au secteur de la distribution. Généralement, ce compartiment est plutôt qualifié de défensif, si bien qu'il n'est pas le premier choix quand les marchés s'emballent. La présence aux avant-postes des ressources de base paraît plus naturelle dans un tel contexte. Le 1er trimestre 2019 de la distribution est d'autant plus exceptionnel qu'il est à classer parmi les meilleurs trimestres des vingt dernières années. Précisément, c'est la seconde plus forte hausse trimestrielle enregistrée depuis 1999, selon nos pointages illustrés par le graphique qui suit. Seul le second trimestre 2003 (+23,6%) a permis de faire mieux, après il est vrai quatre trimestres de contraction.
 

Source Zonebourse
 
Le détail des performances par société permet de faire en partie la lumière sur la vive hausse du secteur. Quand on parle distribution cotée, on pense généralement aux enseignes historiques : Carrefour et Casino en France, Ahold Delhaize au Benelux, Sainsbury et Marks & Spencer au Royaume-Uni…etc. Or ces acteurs sont bien présents dans le palmarès du 1er trimestre, mais plutôt en bas de classement. Le tableau qui suit, réalisé sur Bloomberg, liste les 10 meilleurs et les 10 pires performances du STOXX Europe 600 Distribution. On retrouve parmi les dossiers qui ont le plus sousperformé l'indice une majorité d'acteurs traditionnels : J Sainsbury, Colruyt, Casino, WM Morrison, Ahold Delhaize, Carrefour et Marks & Spencer y figurent. L'exception qui confirme la règle est Delivery Hero.  
 

Plus fortes hausses et baisses du STOXX Europe 600 Distribution au T1 2019 (Source Bloomberg)
 
Dans le haut du classement, difficile de lutter contre Ocado. Le Britannique a repris 73,5% en un seul trimestre, après une série d'accords majeurs. Il faut dire que le distributeur qu'était originellement Ocado s'est doublé d'un fournisseur de solutions d'automatisation de la logistique auquel font appels les autres entreprises du secteur. Cette composante technologique séduit les investisseurs. Derrière, Zalando est un marchand en ligne, Next un distributeur textile qui a réussi sa transformation numérique et B&M un discounter. On note aussi la présence un peu incongrue de Kering dans le classement S&P. Le groupe, désormais exposé uniquement au luxe, mériterait sans doute de ne plus figurer dans ce compartiment. Enfin, là encore une exception qui confirme la règle : Tesco affiche la 10ème meilleure performance de l'indice. Grâce à ses efforts de rationalisation, le distributeur britannique est l'un des dossiers préférés des analystes.
 
On constate donc que le moteur de la performance du secteur de la distribution en Europe au début de l'année 2019 est essentiellement à chercher du côté de la nouvelle distribution plus que de l'ancienne… exception faite de "l'échange" entre Tesco est Delivery Hero.
 
PS : Il valait quand même mieux miser sur Casino, qui a gagné 6,4% malgré sa sousperformance par rapport à son secteur, que sur Orange, qui n'a progressé que de 4% en dépit de sa surperformance sur la moyenne des télécoms.