Zurich (awp) - Le groupe industriel Sulzer a racheté 5 mio de ses propres actions à son principal actionnaire Renova, sous le coup de sanctions du gouvernement américain. Cette opération doit permettre d'écarter tout doute concernant l'indépendance de la société winterthouroise par rapport à son actionnaire de référence et lui éviter d'être à son tour prise pour cible par les autorités américaines. A la Bourse suisse, l'action s'effondrait.

Au terme de la transaction, qui doit être effectuée dans le courant de la semaine, Renova détiendra encore 48,83% du capital-actions de Sulzer, contre 63,4% actuellement, passant ainsi sous la barre des 50%, a précisé Sulzer lundi dans un communiqué. Le Département du Trésor stipule en effet qu'une personne ou entreprise doit détenir plus de 50% dans une entité pour que cette dernière soit touchée par les sanctions américaines.

Selon les calculs de Baader Helvea, les parts rachetées par Sulzer représentent environ 600 mio CHF. L'opération risque de creuser la dette nette du groupe à 1 mrd.

Le gouvernement américain a imposé vendredi dernier des sanctions à l'encontre de 24 ressortissants russes et 12 sociétés qu'ils contrôlent, en réaction notamment à l'ingérence supposée de Moscou dans l'élection présidentielle de 2016. Parmi les personnes incriminées par Washington figure le milliardaire russe Viktor Vekselberg, propriétaire de la holding Renova. Cette dernière est également citée dans le communiqué du Département américain du Trésor.

OERLIKON À PRIORI PAS CONCERNÉ

Les sanctions prévoient notamment un gel des avoirs détenus par les personnes et sociétés visées par les autorités américaines et interdisent aux ressortissants américains toute activité avec ces dernières.

Vu le contexte, Sulzer s'est engagé à ne transférer à Renova les montants relatifs à la transaction que lorsque le groupe se sera assuré ne pas s'exposer lui-même avec cette opération à des sanctions.

Cette annonce a entraîné une chute du cours de l'action Sulzer, qui a dévissé lundi de 16,0% à 106,10 CHF. Les autres participations de Renova en Suisse ont également perdu lourdement, à l'instar d'Oerlikon (-8,4%) et de Schmolz+Bickenbach (-7,6%). L'indice de référence SPI a progressé très légèrement (+0,05%).

Contacté par AWP, un porte-parole d'Oerlikon a estimé que la société "n'est pas directement concernée par les sanctions", Renova détenant une part de 43% dans le groupe zurichois, soit moins que les 50% requis pour être touché par les sanctions américaines.

Schmolz+Bickenbach a pour sa part souligné "ne pas être substantiellement touché par les sanctions américaines prononcées à l'encontre de son actionnaire Viktor Vekselberg et Renova Holding", qui détiennent environ 42% de l'aciériste lucernois. Ce dernier ne s'attend pas à un impact important sur ses activités aux Etats-Unis ou dans d'autres régions du monde, a-t-il précisé dans un communiqué.

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