Le distributeur français réalise environ 29% de son chiffre d'affaires en Asie, notamment grâce à Sun Art Retail sa coentreprise avec le conglomérat taïwanais Ruentex et le géant chinois du e-commerce Alibaba, un opérateur de supermarchés majeur en Chine.

"L'évolution des résultats économiques est (...) dépendante des conséquences du Covid-19 sur l'économie en Chine et sur les résultats de Sun Art Retail, qu'il est prématuré d'évaluer, ainsi que dans les autres pays", souligne le groupe dans un communiqué.

Sun Art Retail a dû fermer quatre magasins en janvier et février dans la province chinoise de Hubei, épicentre de l'épidémie en Chine continentale et attend toujours l'autorisation de réouverture, a précisé le président d'Auchan Retail Edgard Bonte, lors d'une conférence de presse.

Selon lui, les performances de Sun Art Retail sont cependant restées "bonnes" en janvier et février, la crise sanitaire ayant soutenu les ventes en ligne tandis que certains magasins restaient ouverts pour répondre à la demande de produits de base.

Il a précisé qu'en France, certains consommateurs inquiets de l'accélération de la propagation du virus avaient commencé à stocker des produits.

"Nous avons certains magasins qui ont été dévalisés pour les produits de première nécessite", a-t-il déclaré.

Le résultat opérationnel d'Auchan Retail (Ebitda, bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) s'est établi à 1,831 milliard d'euros en 2019, soit une progression de 14% sur un an à taux de change courants et une hausse de 9% à périmètre comparable.

Le taux de marge d'Ebitda a progressé pour atteindre 4% l'an dernier contre 3% en 2018 et ce malgré une baisse de 1,4% de son chiffre d'affaires - à 45,8 milliards d'euros - imputée à un recul des ventes en France et en Russie.

ÉPINE RUSSE

En Russie, où l'année 2019 a été marquée par un recul de 5% des ventes à périmètre comparable et un résultat opérationnel nul, Auchan voit sa part de marché s'éroder avec des magasins ne correspondant plus aux habitudes de consommation.

Edgard Bonte a cependant exclu de quitter ce marché.

Invité à commenter un article du quotidien Les Echos concernant des soupçons de corruption au niveau d'Auchan Russie, il a déclaré qu'"il y a eu de la corruption détectée (par le passé) en Russie et traitée par notre (les équipes de) sécurité économique et si il y en a d'autres, on va les traiter".

En France, où les ventes ont diminué de 2% l'an dernier, Auchan Retail fait face à une concurrence acharnée sur les prix sur le marché français, à la fois de la part des distributeurs traditionnels comme Carrefour et Leclerc mais aussi des acteurs du e-commerce comme par exemple Amazon.

Le groupe nordiste, propriété de la famille Mulliez, a taillé dans ses coûts, fermé ou revendu des magasins non rentables en France, en Russie, mais aussi en Espagne, en Chine, en Ukraine et en Pologne. Il a également cédé l'an dernier ses activités déficitaires en Italie et au Vietnam.

Pour tenter de s'adapter à l'évolution des habitudes de consommation, le distributeur a également lancé un plan visant à moderniser ses hypermarchés, à accélérer sa digitalisation et à se concentrer sur des magasins de proximité de plus petite taille.

Ces résultats ont permis à Auchan Retail de confirmer son objectif d'une marge d'Ebitda portée à 6% à l'horizon 2022 moyennant 1,1 milliard d'euros d'économies, dont 239 millions ont déjà été réalisées en 2019.

(Version française Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)

By Dominique Vidalon