Zurich (awp) - Le rachat par Sunrise du câblo-opérateur UPC n'en finit pas de faire froncer des sourcils d'actionnaires. Le dernier arrivé au cortège des opposants à la transaction à 6,3 milliards de francs suisses est l'actionnaire activiste allemand Active Ownership Capital (AOC).

Sollicité jeudi par AWP, son cofondateur Florian Schuhbauer a jugé le prix trop élevé de 2 à 2,5 milliards. Selon lui, UPC évolue dans la mauvaise direction sur le plan opérationnel, son réseau câblé n'est plus compétitif et devra être remplacé par Sunrise, qui devra débourser pour ce faire jusqu'à 1 milliard de francs suisses.

A l'heure où plusieurs opérateurs de télécommunications mobiles européens vendent leurs réseaux câblés, M. Schuhbauer juge qu'il est "naïf de croire qu'UPC va à coup sûr renouer avec la rentabilité, comme l'attend et le projette la direction de Sunrise".

A cela s'ajoutent des "risques juridiques considérables" en raison d'éventuels arriérés fiscaux dans certains pays d'Europe de l'Est où opérait la holding de la partie venderesse d'UPC, Liberty Global. "Nous ne le savons pas à ce jour, mais cela n'est pas entièrement exclu", a déclaré l'actionnaire.

Si Sunrise venait à racheter UPC sans parvenir à renouer avec la rentabilité, le groupe ne pourrait plus verser de dividende sans se soustraire au service de la dette, le scénario du pire, selon AOC. "Nous aurions des activités en recul et aucun dividende, avec à la clé un effondrement du cours du titre", prévient l'actionnaire.

Les discussions entamées avec la direction de Sunrise pour la convaincre de renoncer à son projet sont restées sans effets, et AOC entend bien s'opposer à l'augmentation de capital de 4,1 milliards de francs suisses pour le financement de l'opération, qui sera proposée à l'automne à l'occasion d'une assemblée générale extraordinaire.

Fronde renforcée

La transaction projetée a ainsi encore plus de plomb dans l'aile, après l'opposition affichée par l'actionnaire de référence, l'allemand Freenet, propriétaire d'environ un quart de Sunrise, qui avait lui aussi critiqué le prix d'achat et l'augmentation de capital prévue.

Selon M. Schuhbauer, seuls 65 à 75% des droits de vote devraient être représentés lors de l'assemblée générale extraordinaire. "Si 40% des voix s'expriment contre la transaction, cela suffira", assure-t-il.

Actuellement détenteur de moins de 3% de Sunrise, AOC était entré au capital avant l'annonce du rachat d'UPC, pensant profiter du déploiement de la technologie de cinquième génération (5G) dans la téléphonie mobile.

"Nous pensons que Sunrise est en mesure de dégager un excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 750 millions de francs suisses d'ici deux à trois ans" (ndlr. sans UPC), soit 150 millions de plus que l'année dernière. Cela permettrait le versement d'un dividende de 6 francs suisses par action, contre 4,20 francs suisses versés au titre de 2018.

M. Schuhbauer affirme avoir l'intention de poursuivre le développement de l'entreprise avec la direction, et considère que le patron actuel Olaf Swantee fait "un très bon travail". Il ne souhaite pas non plus comme un autre actionnaire (Axxion) le retrait du président du conseil d'administration Peter Kurer.

"Nous avons l'intention de rester à plus long terme, mais si le cours de l'action venait à atteindre 120 francs suisses demain, nous devrions envisager de sortir." AOC a pour objectif de doubler son capital tous les 3-5 ans. "Cela est également le cas ici", a asséné M. Schuhbauer.

A la Bourse suisse, la nominative Sunrise a terminé en hausse de 0,6% à 76,75 francs suisses, alors que le marché dans son ensemble (SPI) est resté quasiment à l'équilibre.

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