(Actualisé avec AG, cours de Bourse)

par Esha Vaish et Johan Ahlander

STOCKHOLM, 28 mars (Reuters) - Swedbank a limogé jeudi sa directrice générale une heure seulement avant son assemblée annuelle des actionnaires, un nouveau rebondissement dans le dossier des soupçons de blanchiment d'argent via ses succursales de la Baltique.

La banque suédoise avait jusqu'ici maintenu à plusieurs reprises sa confiance à Birgitte Bonnesen pour apaiser les inquiétudes nées de ces soupçons. Mais la décision de l'autorité suédoise de lutte contre la criminalité économique d'élargir mercredi son enquête sur la gestion par la banque des allégations de blanchiment afin de s'intéresser aussi à des allégations de fraude a porté le coup de grâce.

"Les développements au cours de ces derniers jours ont exercé une pression énorme sur la banque. De ce fait, le conseil a décidé de démettre Birgitte Bonnesen de ses fonctions", a déclaré le président de la banque suédoise, Lars Idermark, dans un communiqué.

La position de la directrice générale, critiquée par les investisseurs pour sa communication de crise, était devenue intenable car trois des cinq principaux actionnaires, dont Alecta et le First Swedish National Pension Fund (AP1), avaient annoncé qu'ils voteraient contre la résolution la déchargeant de toute responsabilité pour les derniers résultats financiers.

En Bourse à Stockholm, l'action Swedbank, un temps suspendue, a perdu 7,78%, sa neuvième séance de repli d'affilée.

Mercredi, alors qu'une perquisition avait lieu au siège de Swedbank, le titre a plongé de 11,9%. Il a perdu plus d'un cinquième de sa valeur depuis qu'un lien a été fait entre Swedbank et Danske Bank, dont la succursale estonienne est accusée d'avoir permis près de 200 milliards d'euros de paiements suspects entre 2007 et 2015.

Les accusations de blanchiment d'argent ont fait craindre que Swedbank ne soit entraîné dans le scandale qui frappe son concurrent danois, avec le risque de poursuites judiciaires, d'amendes et d'autres sanctions juridiques.

"SEULE SOLUTION VIABLE"

Les autorités réglementaires suédoises, estoniennes, lettones et lituaniennes ont ouvert une enquête conjointe sur Swedbank.

"Le licenciement de Bonnesen était ce que nous voulions et la seule solution viable", a déclaré à Reuters Ossian Ekdahl, du fonds AP1, en marge de l'AG.

Alecta, troisième principal actionnaire de Swedbank et qui fait partie de son comité de nomination, a prévenu que d'autres têtes pourraient tomber si le conseil n'agissait pas immédiatement pour rétablir la confiance.

"Je n'exclus pas la possibilité de convoquer une réunion extraordinaire dans un proche avenir pour mettre en place un nouveau conseil d'administration", a dit Magnus Billing, PDG d'Alecta.

Birgitte Bonnesen a été responsable de l'audit chez Swedbank entre 2009 et 2011, ce qui comprenait la supervision de la politique de la banque en matière de lutte contre le blanchiment d'argent.

Elle a ensuite dirigé les activités baltes jusqu'en 2014. Selon des médias, elle n'a pas réussi à empêcher des milliards d'euros de transactions suspectes effectuées via des comptes baltes de Swedbank entre 2007 et 2015.

Sa décision de ne pas ouvrir d'enquête externe, finalement annulée sous la pression des actionnaires, et la version très expurgée du rapport financier ne respectaient pas la transparence nécessaire pour apaiser la colère croissante des actionnaires.

Birgitte Bonnesen a confié au quotidien Expressen qu'elle pensait n'avoir rien fait de mal.

BREAKINGVIEWS-Swedbank CEO exit still leaves iceberg of problems

(Benoît Van Overstraeten et Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

Valeurs citées dans l'article : Danske Bank A/S, Swedbank