Zurich (awp) - Sergio Ermotti va ouvrir le prochain chapitre de sa carrière chez Swiss Re. Le réassureur zurichois entend confier au Tessinois la présidence du conseil d'administration à compter de 2021. Le directeur général sortant d'UBS rejoindra dans un premier temps l'organe de surveillance du numéro deux mondial de la réassurance, pour autant que ses actionnaires donnent leur feu vert.

Lors de la prochaine assemblée générale, le 17 avril, le conseil d'administration de Swiss Re proposera à ses propriétaires d'élire le banquier en tant qu'administrateur pour un mandat d'une durée d'un an, écrit mardi dans un communiqué le réassureur établi à Zurich. L'année suivante, Sergio Ermotti sera proposé comme successeur à la présidence de Walter Kielholz, âgé de 69 ans et administrateur du groupe depuis plus de 20 ans.

"L'élection de Sergio Ermotti permettra d'assurer une transition fluide quand je prendrai ma retraite à l'issue de l'assemblée générale en 2021 et je me réjouis de collaborer étroitement avec lui", souligne Walter Kielholz, cité dans le communiqué. Ce dernier a rejoint le conseil d'administration du réassureur qui portait encore le nom de Société suisse de Réassurances en 1998, en parallèle à sa fonction de directeur général, poste qu'il a occupé de 1997 à 2002.

M. Kielholz a précisé lors d'une conférence téléphonique avoir longuement préparé son départ. "Il est d'ailleurs habituel chez Swiss Re de quitter l'entreprise à 70 ans" a-t-il dit, réfutant toute pression d'actionnaires. Le moment de partir "n'est pas si mauvais", la multinationale s'étant réorganisée et ayant renforcé son conseil d'administration.

Vague de changements

En avril 2018, à la veille de l'assemblée générale de Swiss Re, Actares, plaidant pour une limitation de la durée des mandats des administrateurs, avait notamment réclamé "du sang neuf" à la présidence de Swiss Re. L'organisation d'actionnaires avait renoncé à voter en faveur de la réélection de Walter Kielholz.

La nomination de M. Ermotti à la présidence du réassureur s'inscrit aussi dans une vague de renouvellement des organes dirigeants du secteur financier helvétique. En moins d'un mois, trois de ses poids lourds ont annoncé des changements.

Il y a moins de deux semaines, UBS a officialisé le départ de M. Ermotti de la direction générale du numéro un bancaire helvétique. Le premier gestionnaire de fortune mondial a cependant créé une certaine sensation en nommant comme successeur Ralph Hamers, patron de l'établissement néerlandais ING.

Une quinzaine de jours auparavant, Credit Suisse a fait part du départ de son directeur général Tidjane Thiam. Le Franco-Ivoirien, à la tête de la banque depuis la mi-2015, a finalement été emporté par la rocambolesque affaire de la filature d'Iqbal Khan, lequel avait démissionné en juillet 2019 de son poste de patron des affaires de gestion de fortune internationales du numéro deux bancaire helvétique, avant d'être recruté le mois suivant par le rival UBS.

Vétéran de la finance

Walter Kielholz fait figure de vétéran du secteur financier helvétique, après avoir passé plus de 30 années au sein des organes dirigeants non seulement de Swiss Re, mais aussi de Credit Suisse. Titulaire d'un diplôme en finance et comptabilité de la Haute-école de St-Gall, M. Kielholz a débuté sa carrière en 1976 au service du réassureur General Reinsurance Corporation.

Après un passage chez Credit Suisse, à partir de 1986, M. Kielholz retrouve le secteur de la réassurance, rejoignant en 1989 la Suisse de Réassurances. Quatre ans plus tard, il en intègre la direction générale, pour en prendre la tête en 1997. Son prédécesseur, Lukas Mühlemann, a lui été appelé à diriger la 2e banque helvétique.

En 2002, Walter Kielholz, qui est alors aussi vice-président du conseil d'administration de Credit Suisse succède une seconde fois à M. Mühlemann, cette fois-ci en tant que président de la banque de la Paradeplatz zurichoise. Assumant ce mandat jusqu'en 2009, M. Kielholz a au final siégé pas moins de quinze ans, soit de 1999 à 2014.

Sergio Ermotti, que certains observateurs voyaient reprendre l'an prochain à Axel Weber le fauteuil présidentiel d'UBS, a rejoint la direction générale d'UBS en avril 2011. Six mois plus tard, il est propulsé patron par intérim de la banque aux trois clefs. Il remplace Oswald Grübel, qui a démissionné à la suite du scandale lié à la fraude d'un trader londonien de l'établissement. En novembre, il est définitivement nommé à ce poste.

A la clôture, le titre Swiss Re a fini quasi-stable (-0,04%) dans un marché de référence SMI en hausse de 1,37%.

vj/al