Zurich (awp) - Le réassureur Swiss Re a vu son bénéfice reculer de près d'un quart au 2e trimestre 2016, pour s'établir à 637 mio CHF, une contreperformance qu'il explique notamment par le nombre élevé de sinistres liés à des catastrophes naturelles entre avril et fin juin, ainsi qu'à la persistance du bas niveau des taux d'intérêts.

Les primes encaissées ont augmenté à 8,18 mrd CHF, contre 7,14 mrd, a indiqué vendredi la société dans un communiqué. Une hausse à attribuer essentiellement à la division Dommages et responsabilité civile (P&C), où le volume de primes a été porté par de grandes transactions sur mesure aux Etats-Unis et en Europe. Le ratio combiné de l'unité s'est en revanche détérioré de 8 points de pourcentage (pp) dépassant la barre fatidique des 100% (101,0%).

Le rendement annualisé des placements de capitaux s'est élevé à 3,7% au deuxième trimestre, après 4,2% un an auparavant. Les fonds propres ont augmenté depuis le début de l'année de 3,4 mrd à 35,8 mrd USD. Le rendement annualisé des fonds propres en revanche s'est détérioré de 2,3 pp dans la même période, pour s'établir à 7,2%.

Les résultats trimestriels de Swiss Re sont dans l'ensemble supérieurs aux prévisions des analystes. Le consensus AWP avait tablé sur un bénéfice de 594 mio USD et des primes à hauteur de 7,58 mrd. Le ratio combiné de P&C était en revanche attendu à 99,7%.

RÉSULTATS SOLIDES MALGRÉ LE CONTEXTE

Lors de la ronde de renouvellement des contrats de juillet, où l'Amérique du Sud et du Nord sont au premier plan, le volume des activités a progressé de 10%. Le recul des prix dans les activités dommages s'est toutefois poursuivi, raison pour laquelle la capacité pour les catastrophes naturelles a été réduite dans certains segments.

"Nous avons réalisé un solide résultat malgré un contexte exigeant au deuxième trimestre, marqué par un environnement macroéconomique difficile", s'est défendu Christian Mumenthaler, qui a remplacé Michel Liès à la direction générale de Swiss Re il y a moins d'un mois.

Le nouveau CEO entend maintenir le cap de la croissance pour les trois unité d'entreprise. Pour l'heure, Swiss Re compte sur ses solutions sur mesure pour rassasier ses ambitions dans les divisions P&C ainsi que Vie et santé (L&H). "Nous concluons ce type d'accords directement avec nos clients, sans l'aide de courtiers", a-t-il ajouté face aux médias.

La division Life Capital (ex Admin Re) pourrait en outre profiter de reprises outre-Manche. "Nous percevons au Royaume-Uni toute une gamme d'acquisitions potentielles", a confié à AWP le directeur financier (CFO) David Cole. Il a en revanche jugé intenable la rentabilité de 18,1% de la division, essentiellement attribuable à des cessions de parts de Guardian Financial Services, acheté en septembre dernier.

PERFORMANCE SALUÉE MAIS...

Dans leurs commentaires, les spécialistes saluent une performance trimestrielle de Swiss Re supérieure aux attentes du marché, notamment la forte croissance des volumes, mais relèvent que le réassureur a compensé en partie la mauvaise évolution des activités opérationnelles par un bon résultat des placements.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) et Vontobel insistent sur les gains élevés en capitaux, qui ont été réalisés avant tout par la division Life Capital, alors qu'à l'inverse, l'unité des assurances collectives Corporate Solutions (CorSo) a déçu en bouclant sur une perte. Pour cette division, le ratio combiné est même ressorti à 112,7% renchérit UBS, alors que ses propres prévisions le donnaient à seulement 98%.

Stefan Schürmann, de la banque Vontobel, souligne que le groupe est bien capitalisé et que les attentes au niveau du dividende restent intactes. La banque privée zurichoise a toutefois ramené son objectif de cours à 90 CHF, après 94 CHF, tout en confirmant "hold". Le bas niveau des taux d'intérêts et la pression sur les prix qui lui est liée continueront certainement à peser sur le secteur, prédit son analyste.

Les investisseurs n'ont pas particulièrement goûté la copie trimestrielle rendue par le réassureur. Après une ouverture dans le rouge, la nominative Swiss Re a frôlé l'équilibre à la mi-journée avant de replonger. A 15h02, elle s'enfonçait de 1,3% à 81,20 CHF, bonne dernière de l'indice SMI des valeurs vedettes, qui, lui, s'étoffait de 0,34%.

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