Zurich (awp) - Swiss Re a affiché une croissance d'une ampleur surprenante au troisième trimestre 2016. La rentabilité du réassureur a par ailleurs moins souffert qu'escompté par les marchés. Le réassureur lance dans la foulée le programme de rachat d'actions annoncé au printemps. Les analystes saluent la performance, mais relèvent aussi quelques points noirs dans la copie rendue.

Le volume des primes et commissions s'est élevé à 8,60 mrd USD, en hausse de 9,6% sur un an. Le bénéfice net s'est affaissé de 16,0% à 1,18 mrd et le ratio combiné s'est dégradé de 9,2 points de pourcentage (pp) à 88,9%, détaille jeudi le rapport d'étape. Les catastrophes naturelles avaient relativement épargné les clients de l'entreprise sur la base de comparaison.

Le groupe revendique un retour sur investissements de 3,5%, contre 3,2% sur la même période l'an dernier. Le rendement sur fonds propres s'est en revanche contracté à 12,8%, contre 17,3%. Ces derniers s'élevaient fin septembre à 37,43 mrd USD, en hausse de 4,5% sur trois mois.

CROISSANCE INESPÉRÉE

Les revenus crèvent le plafond des pronostics établis par les analystes du consensus AWP, qui culminaient à 8,45 mrd USD. Le tassement de la rentabilité s'est révélé moindre qu'attendu, les prévisions moyennes anticipant un bénéfice net de 927 mio USD pour un ratio combiné de 91,0%. Les estimations pour les fonds propres s'étalaient entre 36,00 et 36,65 mrd USD.

La division Property and Casualty Re a étoffé ses recettes de 12,5% à 4,62 mrd USD. Le bénéfice net a été élagué d'un tiers à 678 mio USD. Life and Health a généré un volume de primes et commissions de 2,82 mrd USD, en progression de 5,1%, pour un bénéfice net amputé d'un cinquième à 218 mio USD.

Les recettes de Corporate Solutions ont gagné 7,3% à 854 mio USD, pour un bénéfice net de 95 mio CHF. Le ratio combiné s'est toutefois dégradé de 4,6 pp à 94,7%. "Le ratio combiné de cette unité risque de s'avérer supérieur à 101% sur l'ensemble de l'année" a prévenu en téléconférence le directeur financier (CFO) David Cole. La perte de rentabilité attendue répond à une hausse des dommages, ainsi qu'à des investissement dans la croissance de ce segment.

Life Capital a cumulé des revenus de 307 mio USD, agrémentés de 17,2% sur un an. Le flux de trésorerie brut généré a été pratiquement multiplié par deux à 248 mio USD et le bénéfice net par près de sept à 157 mio USD.

Sur les neuf premiers mois de l'année, les primes encaissées totalisent 24,72 mrd USD, soit 9,6% de plus qu'à pareille époque l'an dernier. Le bénéfice net a en revanche reculé de près de 17% à 3,04 mrd USD. La direction explique cette contraction par des débours de couverture plus importants que l'an dernier, ainsi qu'un environnement de marché exigeant.

RACHAT D'ACTIONS LANCÉ, ANALYSTES PARTAGÉS

Le conseil d'administration lancera dès vendredi un programme de rachat d'actions portant sur jusqu'à 1,0 mrd CHF, ou 10'875'475 titres, représentant au maximum de 3,02% du capital-actions. Les nominatives reprises seront proposées pour destruction lors de l'assemblée générale ordinaire du 21 avril 2017.

Les analystes se montrent divisés face à ces résultats et annonces, oscillant entre scepticisme pour la rentabilité à venir et louanges pour les dernières performances.

Baader Helvea reconnaît que la progression des primes et la rentabilité des segments s'est révélée meilleure qu'escompté. Le courtier genevois note néanmoins que la performance normalisée de Property and Casualty Re, de même que celle de l'assurance directe, demeurent déficitaires. Vontobel rappelle que Swiss Re est coutumier des bonnes surprises, mais déplore une performance décevante de Corporate Solutions.

UBS se montre encore plus critique, dénonçant une "pauvre" performance sous-jacente, que ne suffit pas à compenser le lancement du programme de rachat d'actions. La banque aux trois clés s'inquiète de l'évolution du ratio combiné pour l'année prochaine.

Kepler Cheuvreux à l'inverse salue une "excellente volée de chiffres trimestriels", portée par la bonne tenue de Property and Casualty Reinsurance. Le courtier français juge la rémunération des actionnaires assurée, avant même le lancement du programme de rachat d'actions.

La courte période sur laquelle doit être mené le programme de rachat d'actions laisse déjà augurer une nouvelle opération de ce type, d'autant que les 3,0 mrd USD de bénéfice déjà accumulés en 2016 en assurent le financement, anticipe Deutsche Bank.

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