Lausanne (awp) - Tamedia a confirmé jeudi la suppression de l'édition papier du quotidien romand Le Matin pour ne conserver que la version sur internet. Ces mesures vont toucher "au maximum" 41 postes, dont 24 personnes dans la rédaction, sous réserve des résultats de la procédure de consultation. Les syndicats ont dénoncé un "assassinat" et les autorités un "appauvrissement" du paysage médiatique romand.

Le groupe a assuré que les personnes touchées par cette restructuration bénéficieront de mesures d'accompagnement dans le cadre d'un plan social.

Le journal ne sera plus imprimé à partir du 21 juillet. Une rédaction de 15 personnes sera chargée de produire la version numérique, qui collaborera "étroitement" avec les autres rédactions du groupe de médias zurichois, notamment le Sport Center et la cellule Newsexpress de Tamedia, ainsi que le réseau du gratuit 20 Minutes, a précisé Tamedia dans un communiqué.

Le Matin Dimanche ne sera pas affecté par ces mesures.

Le rédacteur en chef Grégoire Nappey, à la tête de la rédaction depuis 2014, "n'a pas souhaité diriger Le Matin dans ce contexte", a précisé la société zurichoise. Il assurera la transition avec son successeur Laurent Siebenmann et quittera le groupe le 21 juillet.

Ce dernier est entré chez Edipresse en 2000 comme assistant du rédacteur en chef du Pôle TV, puis comme rédacteur en chef adjoint pendant neuf ans. Il a rejoint la rédaction du Matin en février 2015.

La presse s'était faite l'écho depuis quelques temps de rumeurs sur la disparition de la version papier du quotidien populaire, évoquant jusqu'à 50 suppressions de postes.

Tamedia a assuré que le site internet du Matin était "l'une des plateformes d'information les plus importantes de Suisse romande", avec 581'000 utilisateurs par mois.

Les syndicats dénoncent un "assassinat"

Pour justifier la restructuration du journal, fondé en 1893 sous le nom de La Tribune de Lausanne, l'éditeur zurichois a évoqué les pertes d'exploitation cumulées "depuis plus de vingt ans". L'année dernière, Le Matin a enregistré un résultat négatif de 6,3 millions de francs suisses, soit près de 34 millions en dix ans.

Les syndicats ont vivement réagi à cette annonce, Impressum et Syndicom estimant que "Tamedia assassine Le Matin", dans un communiqué conjoint. "L'arrêt de cette publication représente une véritable catastrophe pour la Suisse romande", ont-ils souligné, ajoutant que le groupe Tamedia "se félicite d'une santé financière excellente".

Les deux syndicats, qui demandent à Tamedia de revenir sur sa décision, ont rappelé que Le Matin est tiré à près de 40'000 exemplaires et touche 218'000 lecteurs.

Le Conseil d'Etat vaudois a estimé que la disparition de la version papier du Matin appauvrissait "la diversité médiatique romande" et a sollicité une rencontre avec la direction de Tamedia. Le gouvernement cantonal a également dit oeuvrer à un concept de soutien à la diversité médiatique, avec notamment un éventuel soutien public, dans un communiqué distinct.

A la Bourse suisse où elle est cotée, la nominative Tamedia a réagi négativement à ces mesures, bouclant la séance en repli de 0,7% à 153,50 francs suisses, alors que le marché dans son ensemble (SPI) a terminé juste au-dessus de la ligne de flottaison (+0,03%).

al/tn/rp