Zurich (awp) - Tamedia a bouclé 2018 sur un bénéfice net de 129,5 millions de francs suisses, en chute de 23,9% par rapport à 2017, après une nouvelle baisse des recettes de la publicité imprimée. Même si le profit attribuable aux actionnaires a été amputé de plus d'un tiers, ceux-ci se verront proposer le même dividende qu'un an plus tôt.

Le chiffre d'affaires a passé la barre du milliard (+3,7%) à 1,01 milliard de francs suisses, a indiqué le conglomérat médiatique zurichois mardi dans un communiqué.

Les recettes du secteur Médias payants, principale source de revenus du groupe, se sont contractées de 5,6% à 553,2 millions, une diminution que l'entreprise impute à "l'important recul du marché de la publicité dans les médias imprimés".

La rentabilité opérationnelle de la division a dégringolé de plus d'un tiers, en raison notamment des coûts liés à la fin du quotidien Le Matin en version en papier et du renchérissement du papier, des plaques d'impression et de l'encre.

L'unité Médias pendulaires et Commercialisation au contraire a vu ses ventes bondir de plus d'un tiers (+33,8%) à 205 millions, à la faveur de la consolidation initiale de Goldbach et de Neo Advertising, rachetées l'année dernière.

Les revenus de la division Places de marché et Participations ont progressé dans une moindre mesure (+7,4%) à 252,5 millions, grâce notamment à la croissance organique des plateformes Jobcloud AG, homegate.ch, olmero.ch et doodle.com.

Rentabilité opérationnelle en berne

En raison de la majoration de 28,3 millions de la charge de prévoyance selon l'IAS 19 et de la correction de valeur de 6,0 millions consécutive à la faillite de Publicitas, le résultat d'exploitation avant intérêts et impôts (Ebit) a chuté de 27,2% à 131,6 millions, alors que la marge afférente a été amputée de près d'un tiers à 13,0%.

Les actionnaires de Tamedia se verront néanmoins proposer lors de l'assemblée générale du 5 avril un dividende inchangé de 4,50 francs suisses par action au titre de l'exercice écoulé.

Pour l'exercice en cours, la direction ne s'aventure pas sur le terrain des prévisions chiffrées. Elle indique son intention d'investir au cours des trois prochaines années 30 millions de francs suisses dans le développement numérique des médias payants et assure que sur ce montant, deux tiers "seront utilisés dans le domaine rédactionnel (...) et un tiers dans le domaine commercial".

Dans la foulée de ses chiffres, l'entreprise a annoncé le départ de l'administrateur Martin Coninx, "conformément à la rotation interne à la famille". Pour le remplacer, le conseil d'administration soumettra à l'approbation de l'assemblée la candidature d'Andreas Schulthess, qui y a déjà siégé de 2007 à 2013. Ce dernier a occupé des fonctions dirigeantes notamment chez les assureurs Swiss Life et Swiss Re.

Intransigeant et radin

Les réactions syndicales ne se sont pas fait attendre. Syndicom a critiqué "l'intransigeance et la radinerie" de Tamedia envers son personnel, alors qu'Impressum dénonce le fait que le groupe rétribue "des avocats et des arbitres plutôt que d'offrir un plan social digne" aux 41 collaborateurs licenciés du Matin.

Chaque mois supplémentaire pour les "41 du Matin" ne représenterait pour le groupe zurichois qu'environs 0,3% de son bénéfice 2018, note la faîtière des journalistes suisses, qui déplore que Tamedia n'ait pas respecté la CCT en matière de droits de consultation lors de la suppression de la version papier du quotidien orange en juillet 2018.

Les deux syndicats appellent Tamedia à investir dans le personnel et le journalisme, plutôt que de distribuer de "généreux dividendes".

La copie rendue par le groupe de médias n'a pas eu l'heur de plaire non plus aux détenteurs de capitaux. A 11h10, la nominative Tamedia s'affaissait de 1,7% à 115,00 francs suisses dans de faibles volumes, alors que l'indice de référence (SPI) évoluait juste en dessous de l'équilibre.

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