Tarkett, spécialiste des revêtements de sol et des surfaces sportives, subit de lourdes pertes à la bourse de Paris, suite à son profit warning émis hier soir. Le titre perd en effet 8,91%, à 12,48 euros l'action, les investisseurs étant refroidis par un EBITDA ajusté 2019 attendu en léger retrait par rapport à 2018, ainsi que par une marge inférieure à celle de l'année dernière. Les précédentes anticipations faisaient état d'un EBITDA ajusté légèrement en hausse et d'une marge globalement stable. Son objectif de levier d'endettement d'environ 2,5 à fin 2019 est en revanche maintenu.

Tarkett justifie ces moindres perspectives par le déploiement du système ERP (SAP) dans la moquette commerciale en Amérique du Nord. La montée en puissance de la production suite à ce déploiement aurait pris plus de temps que ce que Tarkett avait expérimenté lors de projets similaires.

Tout ceci devrait affecter négativement le chiffre d'affaires en Amérique du Nord au quatrième trimestre et pousse Tarkett à anticiper une baisse des ventes à taux de change et périmètre constants d'environ 25 % et une baisse significative de l'EBITDA ajusté.

Le groupe précise toutefois que la production de moquette commerciale outre-Atlantique est maintenant revenue à la normale et estime que les ventes vont progressivement s'améliorer au cours des prochains mois, soutenues par le plan d'actions commercial déjà engagé dans cette région.

Cela n'a pas empêché Jefferies d'accueillir toutes ces annonces avec froideur en dégradant le titre Tarkett à "Sous-performance" et en réduisant son objectif de cours de 12,40 euros à 10,82 euros. Jefferies estime que les dirigeants sont incapables de juger si le niveau des ventes se redressera rapidement et se montre préoccupé par la situation sur le marché nord-américain. A moyen terme, l'objectif de marge pourrait aussi être remis en question, celle-ci devant croître de 300 pbs d'ici trois ans si Tarkett veut atteindre les 12% escomptés.

De plus, Jefferies a aussi réduit sa prévision d'Ebitda de 6% pour 2019 et de 4% au-delà, et s'attend à ce que le dividende soit l'autre point de déception à venir. Pour l'analyste, le dividende par action en 2019 devrait représenter seulement un tiers de celui de 2018, et ne considère pas qu'il pourra de nouveau atteindre 0,6 euros par action d'ici 2023.

Chez Société Générale, on estime que ce profit warning confirme les conditions de marchés difficiles en Amérique du Nord, en particulier sur le segment lucratif des moquettes commerciales. La banque a toutefois maintenu sa recommandation sur le titre à Conserver et son objectif de cours à 14 euros, même si elle estime que le consensus autour du bénéfice par action de l'exercice 2019 pourrait être revu à la baisse de 15% à 20%.