L'industrie automobile, principal exportateur de biens au Royaume-Uni où elle emploie plus de 800.000 personnes, est en pointe depuis le début pour avertir sur les dangers d'un "no deal".

L'investissement dans le secteur est tombé à 90 millions de livres (98 millions d'euros) sur les six premiers mois de 2019, contre 347,3 millions au premier semestre 2018 et 647,4 millions en janvier-juin 2017, a précisé la SMMT (Society of Motor Manufacturers and Traders).

"Les investisseurs s'abstiennent dans la crainte d'un no-deal", a déclaré son directeur général Mike Hawes. "La pire issue serait un no-deal. C'est ce qu'ils redoutent, et c'est pourquoi ils n'investissent pas."

Les entreprises du secteur ont par ailleurs dépensé au moins 300 millions d'euros en préparatifs pour le Brexit tels que l'achat d'espaces de stockage et de pièces automobiles pour atténuer l'impact de possibles retards d'acheminement dans les ports, selon la SMMT.

Si Jaguar Land Rover a promis d'investir environ un milliard de livres pour assembler des véhicules électriques dans son usine anglaise de Castle Bromwich, le français PSA, propriétaire d'Opel et de son pendant britannique Vauxhall, a déclaré fin juin que l'attribution de la fabrication de l'Astra de nouvelle génération à Ellesmere Port, le site historique de Vauxhall, serait "conditionnée par les termes définitifs de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne."

Le nouveau Premier ministre Boris Johnson espère obtenir une renégociation de l'Accord de retrait que sa devancière Theresa May n'a pu faire adopter au Parlement mais il se dit prêt à sortir de l'UE sans accord le 31 octobre.

Les partisans du Brexit veulent croire que l'Allemagne, qui exporte massivement des voitures au Royaume-Uni, fera tout pour éviter une sortie sans accord mais le nouveau gouvernement prend des dispositions pour aider le secteur dans cette éventualité.

L'investissement dans l'industrie automobile britannique baisse depuis 2014, bien avant le référendum de juin 2016 sur l'adhésion à l'UE. De 5,83 milliards de livres en 2013, il est tombé à 1,1 milliard en 2017 et 589 millions en 2018.

L'investissement promis par Jaguar Land Rover devrait permettre à ce chiffre de remonter en 2019.

Avec le ralentissement de la demande dans de nombreux marchés, les tensions commerciales internationales et la chute des ventes de voitures diesel en Europe, la production automobile britannique a baissé de 20% sur les six premiers mois de l'année.

"Nous avons besoin d'un environnement international compétitif pour encourager l'investissement, l'innovation et la croissance", a déclaré Mike Hawes. "Cela commence avec un accord de retrait ambitieux qui maintienne des échanges sans frictions et nous attendons de la nouvelle administration qu'elle y parvienne rapidement afin que les constructeurs puissent retourner à leur activité première, la production de voitures."

(Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Costas Pitas

Valeurs citées dans l'article : Euro / British Pound (EUR/GBP), Peugeot, Tata Motors