Londres (awp/afp) - Les professionnels de la sidérurgie s'inquiétaient vendredi pour l'usine géante de Tata Steel à Port Talbot au Pays de Galles, de nouveau plongée dans "l'incertitude" après l'échec de la fusion entre les activités européennes du géant indien et l'allemand Thyssenkrupp.

Les deux partenaires ont pris acte des fortes réticences de la Commission européenne à l'égard de ce mariage.

De Bombay où Tata Steel est basé, le géant indien a dit regretter de devoir renoncer à ce projet annoncé en septembre 2017 et qui, dit-il, lui aurait permis de garantir l'avenir de ses activités en Europe.

"Cette coentreprise constituait une initiative stratégique importante pour pérenniser notre portefeuille en Europe, qui nous aurait permis aussi de déconsolider notre activité européenne afin d'alléger notre bilan", a expliqué le groupe indien dans un communiqué.

Tata Steel a souligné que ses activités proprement indiennes, qui représentent les deux-tiers de son chiffre d'affaires, étaient bien portantes et pleines de promesses. Mais dans le même temps, il a prévenu que ses affaires en Europe, plus fragiles, devraient être étudiées de près et restructurées de façon à ne pas plomber ses comptes.

"Une des points fondamentaux de l'accord (avec Thyssenkrup) était de créer un modèle plus tenable. Il est évident que nous allons devoir considérer davantage d'options", a précisé Koushik Chatterjee, le directeur exécutif de Tata Steel lors d'une conférence téléphonique.

Interrogé spécifiquement sur son activité au Royaume-Uni, où Tata Steel exploite notamment une usine géante de plus de 4.000 employés à Port Talbot, M. Chatterjee a répondu qu'il fallait que sa filiale britannique redevienne bénéficiaire, après avoir perdu de l'argent l'année dernière. "Cette année, ses activités devaient générer des bénéfices", a-t-il toutefois prévu.

Ce flou a fait ressurgir l'inquiétude à Port Talbot, joyau des activités du géant au Royaume-Uni qui compte plus de 8.000 employés dans le pays et que l'indien avait envisagé un temps de céder en 2016, avant finalement d'y investir de nouveau.

Le secrétaire général du syndicat des travailleurs de l'acier Community s'est dit "attristé" par ce nouvel épisode des tribulations de Tata Steel en Europe. "Cela signifie une nouvelle période d'incertitudes pour les aciéristes et leurs familles", a déploré Roy Rickhuss.

Depuis 2016, Tata Steel a cédé d'autres filiales au Royaume-Uni, notamment son activité d'acier spécialisé au groupe Liberty House du milliardaire indien Sanjeev Gupta. Il a aussi vendu ses activités d'acier long au Royaume-Uni et en France à la société British Steel qui vient de reprendre par ailleurs l'aciérie d'Ascoval à Saint-Saulve dans le nord de la France.

afp/rp