En hausse à l’ouverture, Technicolor a rapidement basculé dans le rouge pour céder désormais 16,65% à 1,071 euro en dépit d’une information de Reuters selon laquelle le groupe technologique envisageait plusieurs scénarios, dont une vente totale ou partielle. En milieu de journée, le spécialiste des technologies de l’image et du son a confirmé avoir des « discussions » en vue d’une opération, mais celles-ci sont à un « stade préliminaire ».

Les investisseurs semblent avoir vendu la nouvelle. En effet, vendredi, le titre a fini au plus haut depuis début août à 1,285 euro, progressant de près de 25% depuis son point bas le plus récent le 23 octobre. Sur la même période, l'indice SBF 120 a gagné seulement un peu plus de 1%. Cette forte surperformance est pour le moins paradoxale dans un contexte de marchés actions dominé par l'aversion au risque et donc d'autant moins porteur pour les sociétés en difficulté, à l'instar de Technicolor.

Cette dernière a bénéficié de spéculations sur une annonce stratégique. Début novembre, CommScope avait dévoilé un projet d'OPA sur le concurrent de Technicolor dans les décodeurs, Arris, de 7,4 milliards de dollars. Comme l'avait alors expliqué Kepler Cheuvreux, le marché des décodeurs a besoin d'être consolidé car le nombre d'acteurs est trop importants, la rentabilité en forte baisse et son avenir sans attrait.

" A notre avis, le plan de Technicolor est de se retirer de ce marché afin d'accélérer son désendettement et de limiter ses activités aux DVD (une " vache à lait " en déclin structurel) et aux effets visuels (une activité en forte croissance) ", expliquait alors l'analyste, qui valorise les décodeurs, 600 millions d'euros.

Dans sa dépêche de vendredi soir, Reuters indiquait qu'une des options étudiées par Technicolor était justement la cession de la division Maison Connectée, qui abrite les décodeurs et les modems. La plus importante division du groupe est pénalisée depuis plusieurs trimestres par la hausse du prix des mémoires et des pénuries de composants.

Dans sa communication d'aujourd'hui, Technicolor est resté vague sur les discussions engagées. La société a rappelé qu'elle évaluait " régulièrement les options stratégiques envisageables pour ses activités, que ce soit sous forme d'acquisitions, de rapprochements ou de cessions ". Puis de préciser : " Ceci peut passer par des discussions avec des concurrents ou avec des investisseurs financiers ".

Réagissant aux rumeurs de la fin de semaine, Invest Securities estime que cette cession est insuffisante pour assurer la pérennité du groupe au vu de l'environnement difficile qui comprime les résultats. Le broker rappelle que le groupe est confronté à une " contrainte financière forte ", avec une dette nette représentant 2,4 fois l'Ebitda attendu cette année.

Mais les investisseurs s'inquiètent aussi de la répétition du scénario de la cession des brevets, qui avait été effectuée dans des conditions financières très en deçà des attentes.

" C'est pour cette raison que notre objectif de cours de 1 euro n'intègre pas de prime spéculative, la priorité des dirigeants à court terme devant être la mise en oeuvre d'un vaste plan de restructurations afin de redresser la profitabilité de cette division et envisager ensuite une cession à des multiples de valorisation plus attractifs ", explique Oddo BHF. Aujourd'hui, le titre a fait un grand pas en direction de l'objectif du broker.