Le président du Conseil, Paolo Gentiloni, a signé un décret autorisant le gouvernement à recourir à ses pouvoirs spéciaux ("golden power") sur Telecom Italia à la suite d'initiatives de Vivendi, actionnaire principal de l'opérateur avec une participation de 24%, qui ont renforcé l'emprise du groupe français sur l'entreprise.

Ces pouvoirs spéciaux - qui n'ont jamais été utilisés par Rome jusqu'à présent - permettent au gouvernement d'opposer son veto à certaines décisions, dont des ventes d'actifs, des opérations de fusion et tout changement de contrôle des sociétés considérées comme étant d'importance stratégique pour le pays.

L'Italie exige que tous les domaines relevant de la sécurité nationale au sein de TIM, y compris ses filiales de câbles sous-marins Sparkle et de logiciels Telsy, soient confiés à une personnalité italienne approuvée par l'Etat.

Le gouvernement a aussi informé Telecom Italia qu'il désignerait le responsable d'une unité spéciale de sécurité, laquelle sera impliquée dans tous les prises de décision liées aux activités stratégiques de l'entreprise et à son réseau de téléphonie fixe, a précisé l'opérateur.

Sparkle est jugée d'importance stratégique car ses câbles sous-marins relient différents pays en Europe, autour de la Méditerranée et sur le continent américain. Telsy fournit pour sa part des systèmes de communications cryptées à des clients tels que l'armée et le gouvernement en Italie.

TELECOM ITALIA A 90 JOURS POUR SE METTRE EN CONFORMITÉ

Dans un communiqué publié après une réunion ministérielle, le gouvernement a demandé à Telecom Italia de faire en sorte que ses actifs relevant de la sécurité nationale fonctionnent en tant qu'entités autonomes sur les plans des finances, du personnel et de la stratégie. Il n'est toutefois pas allé jusqu'à demander explicitement que ces actifs soient placés dans des entités distinctes du groupe.

Telecom Italia, qui dispose de 90 jours pour se mettre en conformité avec ces exigences, a affirmé qu'il respectait déjà partiellement ces demandes.

Le gouvernement italien s'est inquiété de l'influence de Vivendi sur Telecom Italia après que le groupe français, dirigé par Vincent Bolloré, a occupé une majorité de sièges au conseil d'administration et placé deux de ses dirigeants comme président et administrateur délégué.

Le mois dernier, la Consob, l'autorité boursière italienne, a déclaré que Vivendi avait un contrôle de fait sur Telecom Italia, ce qui a été démenti par le groupe français.

Vivendi attire d'autant plus l'attention des autorités italiennes qu'il est aussi monté au capital de Mediaset, le groupe de médias de la famille Berlusconi.

Le groupe français a refusé de s'exprimer sur les annonces du gouvernement italien.

L'action Telecom Italia a terminé en repli de 1,1% à la Bourse de Milan, tandis que Vivendi a reculé de 0,26% à Paris.

(Juliette Rouillon et Bertrand Boucey pour le service français)

par Giuseppe Fonte et Agnieszka Flak

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia