Le groupe de téléphonie a aussi prévenu que ses activités sur ses terres italiennes resteraient sous pression cette année, notamment au premier semestre, en évoquant une poursuite de la "dynamique de concurrence" qui a pesé en 2018.

Dans une publication imprévue de ses résultats annuels préliminaires jeudi soir, après une réunion de six heures de son conseil d'administration, Telecom Italia a dit tabler sur un excédent brut d'exploitation (Ebitda) organique d'environ 8,1 milliards d'euros.

Cela représente une baisse de moins de 5%, a déclaré une source proche du dossier, en dépit d'une amélioration de son unité brésilienne. TIM n'a donné aucun comparatif.

A la Bourse de Milan, le titre chutait de 7,2% en clôture vendredi, de loin la plus forte baisse de l'indice paneuropéen Stoxx 600 (+1,8%) et de l'indice des valeurs télécoms européennes (+1,27%).

Un porte-parole de Vivendi, actionnaire principal de TIM avec 24% du capital, a imputé ces médiocres performances à la gestion impulsée par le fonds américain.

Le groupe français de médias, a-t-il dit, est inquiet de voir le conseil de Telecom Italia, contrôlé par Elliott, "perdre du temps, ne pas avoir de plan et se contenter de blâmer la direction précédente" (qui était menée par Vivendi, NDLR).

Vivendi, a-t-il ajouté, se réserve le droit de demander une nouvelle assemblée générale de TIM si les résultats de l'opérateur ne s'améliorent pas de manière significative.

Un porte-parole de Telecom Italia a répliqué un peu plus tard à l'actionnaire français du groupe en déclarant que les résultats dévoilés vendredi étaient le fruit de la stratégie mise en oeuvre par l'ancien administrateur délégué Amos Genish, soutenu par Vivendi mais limogé en novembre.

PLUS D'UN AN DE CONFLIT

Les deux parties sont en conflit depuis plus d'un an sur la gouvernance de Telecom Italia et la manière de relancer l'entreprise, engluée dans une dette de 25 milliards d'euros.

Elles s'affronteront le 29 mars, lorsque les actionnaires de TIM réunis en assemblée générale se prononceront sur la demande de Vivendi de remplacer cinq administrateurs désignés par Elliott en invoquant un "manque substantiel d'indépendance".

En 2018, Telecom Italia a bénéficié d'une amélioration de ses activités au Brésil mais a subi une baisse d'environ 5% du résultat d'exploitation de ses activités en Italie, où le groupe subit la concurrence du réseau de fibre optique en cours de déploiement par Open Fiber et des offres de téléphonie mobile de l'opérateur français Iliad.

Selon des analystes, les résultats préliminaires suggèrent une dégradation bien plus forte qu'attendu - allant jusqu'à 10% - au dernier trimestre en Italie.

TIM a en outre dû mettre sur la table 2,4 milliards d'euros, bien plus que prévu, pour s'assurer des fréquences de téléphonie mobile de cinquième génération (5G) en Italie.

Le conseil d'administration a prévu de se réunir le 21 février pour examiner les résultats financiers définitifs de 2018 et le prochain plan stratégique à horizon 2021.

(Véronique Tison et Dominique Roriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten et Marc Angrand)

par Agnieszka Flak