Des hommes politiques italiens et des concurrents appellent depuis longtemps l'ex-monople public à scinder et à rénover son réseau, un actif que certains analystes valorisent jusqu'à 15 milliards d'euros.

Ces appels ont été renforcés par la volonté du gouvernement italien de contenir l'influence croissante de Vivendi dans Telecom Italia, dont le groupe français est devenu le principal actionnaire avec 24% du capital.

"Dans les mois qui viennent, la direction continuera d'examiner diverses hypothèses pour déterminer si une séparation du réseau s'impose afin de répondre aux préoccupations des autorités et pour débloquer de la valeur", explique TIM mardi dans un communiqué, à la suite d'une réunion du conseil d'administration.

Selon une source au fait des pratiques du conseil d'administration, Amos Genish, le nouvel administrateur délégué de Telecom Italia, transfuge de Vivendi, présenterait ses recommandations concernant le réseau fixe sans doute lors de la prochaine réunion du conseil, en mars, en même temps qu'un nouveau plan stratégique pour une période allant de 2018 à 2020.

Genish a déclaré le mois dernier que Telecom Italia souhaitait conserver le contrôle de son réseau mais qu'il n'avait "pas besoin de le détenir à 100%".

Il a dit voici quelques jours aux représentants syndicaux que, du point de vue réglementaire, l'opérateur ne voyait aucune raison dans l'immédiat de séparer davantage le réseau du reste du groupe.

RIEN AVANT LES ÉLECTIONS

Selon deux sources proches du dossier, TIM essaye de gagner du temps et l'une d'elles pense qu'il ne fera rien sur la question du réseau d'ici aux élections législatives de mai 2018, lesquelles pourraient bien aboutir à un nouveau gouvernement.

"Ce serait pertinent de séparer le réseau et de le mettre en Bourse parce que cela créerait de la valeur mais TIM n'a pas l'intention de faire des annonces importantes avant le scrutin", a-t-elle dit.

TIM est très surveillé par Rome depuis l'arrivée en force de Vivendi. Le gouvernement italien a fait jouer ses prérogatives pour protéger un actif qu'il juge stratégique et s'employer à atténuer l'influence de Vivendi. Mais Il est affaibli par la perspective d'une probable défaite lors des élections de l'an prochain, selon les derniers sondages d'opinion.

L'accord pluriannuel qui serait passé avec Mediaset porterait sur des films, des séries télévisées et du sport, a précisé TIM.

Mediaset et Vivendi sont engagés dans un bras de fer depuis juillet 2016, date à laquelle Vivendi est revenu sur un accord conclu quelques mois plus tôt aux termes duquel il aurait dû prendre le contrôle de Mediaset Premium, la chaîne de télévision payante du groupe contrôlé par la famille Berlusconi.

Selon des sources, Vivendi est soucieux de parvenir à un accord avec Mediaset avant une première audition du tribunal sur ce dossier le 19 décembre.

Le conseil d'administration de Telecom Italia avait approuvé en octobre la création d'une coentreprise avec Canal+, la filiale de télévision payante de Vivendi, renforçant ainsi les liens entre l'opérateur télécoms italien et son premier actionnaire.

Cette coentreprise est "au coeur de l'accord négocié (par Vivendi) avec Mediaset", selon une source au fait du dossier.

Un tel accord de contenus garantirait des revenus réguliers à Premium, estiment des analystes.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Agnieszka Flak

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia, Mediaset