Milan (awp/afp) - L'opérateur Telecom Italia (Tim) s'est effondré vendredi à la Bourse de Milan après avoir lancé un avertissement sur ses résultats 2018, affectés par l'arrivée en Italie du français Iliad, et dit s'attendre à un premier semestre 2019 dans la même veine.

L'action a terminé en recul de 7,2% à 0,4885 euro, dans un marché en hausse de 1,22%.

"Les premières estimations des activités intérieures (en Italie, ndlr) montrent une performance opérationnelle qui reflète les dynamiques concurrentielles ayant influencé négativement 2018, celles-ci devraient également avoir un impact en 2019, notamment au premier semestre", a expliqué l'opérateur dans un communiqué publié tard jeudi soir.

Pour 2018, selon ses premières estimations, l'Ebitda organique de l'activité italienne a diminué d'environ 5%, alors que tous les opérateurs du pays subissent la concurrence d'Iliad, qui a connu un succès fulgurant depuis son arrivée dans la péninsule au printemps. Le groupe s'attendait initialement à une petite croissance.

En raison de l'amélioration de l'activité au Brésil, l'Ebitda consolidé organique total du groupe est attendu aux alentours de 8,1 milliards d'euros. Aucun chiffre comparatif n'a été communiqué, mais selon certains médias, cela représenterait une baisse de moins de 5%.

Tim présentera son nouveau plan stratégique 2019-2021 le 21 février, en même temps que la totalité de ses résultats 2018.

L'opérateur avait déjà lancé le 8 novembre un avertissement sur ses résultats après avoir subi une perte de 1,4 milliard d'euros au troisième trimestre, due à quelque 2 milliards de dévaluations d'actifs.

Outre ses mauvais résultats, l'opérateur est fragilisé par un vif conflit entre ses deux principaux actionnaires, Vivendi qui détient près de 24% du capital, et le fonds américain Elliott qui en possède 8,8%.

Elliott a pris en mai le contrôle du conseil d'administration, au détriment de Vivendi, lors d'une assemblée générale (AG) d'actionnaires. Elliott et sa liste de conseillers "indépendants" détiennent désormais 10 sièges, contre 5 pour Vivendi.

Vivendi "en colère"

En novembre, ces dix administrateurs ont décidé la révocation surprise d'Amos Genish, qui dirigeait le groupe depuis 14 mois, considéré comme un proche de Vincent Bolloré, le patron de Vivendi.

Vivendi accuse Elliott de mal gérer le groupe, en soulignant que le titre en Bourse a perdu 42% depuis début mai.

"Nous sommes en colère. Nous sommes même préoccupés par la situation", a réagi un porte-parole de Vivendi interrogé par l'AFP.

"Nous nous rendons compte qu'ils ont peut-être intérêt à ce que l'action tombe", a-t-il commenté, en faisant référence au mécanisme de "collar", une clause passée avec JPMorgan au moment où Elliott a acheté des actions Tim, qui protège le fonds en cas de chute du cours de Bourse.

"A partir de février, ils pourront récupérer l'argent de JP Morgan sur la différence du prix de l'action", a précisé le porte-parole.

Alors que Vivendi réclamait dès novembre la tenue d'une nouvelle AG le plus rapidement possible, le conseil d'administration a décidé lundi de seulement avancer au 29 mars l'AG prévue le 11 avril.

Elle sera chargée de passer en revue les résultats 2018, mais aussi de débattre de questions soumises par Vivendi, comme la demande de révocation de cinq membres du conseil proches d'Elliott.

"Nous surveillons de très près, nous sommes très vigilants. Si nous ne sommes pas satisfaits cet été de la gouvernance d'Elliott, ou du résultat, nous demanderons une autre AG", a ajouté le porte-parole, avant de préciser que le groupe de Vincent Bolloré pourrait aussi "regarder les recours légaux".

"Il y a eu des failles dans la gouvernance, il y a eu des mensonges sur le mandat d'Amos Genish, il y a beaucoup de recours possibles", a-t-il conclu.

En retour, un porte-parole de Tim a indiqué vendredi soir sa "stupeur" après les déclarations faites par Vivendi. "Informer le marché n'est pas seulement un bonne pratique, c'est aussi une obligation légale dans ce pays", a indiqué ce porte-parole dans un communiqué.

afp/rp