Milan (awp/afp) - L'opérateur Telecom Italia (Tim), qui doit notamment faire face à la concurrence nouvelle du français Iliad en Italie, prévoit une année encore difficile, après avoir enregistré en 2018 une lourde perte.

Le groupe, dont le principal actionnaire est le français Vivendi, a subi une perte nette de 1,4 milliard d'euros, contre un bénéfice de 1,1 milliard un an plus tôt.

Ce mauvais résultat s'explique par des dévaluations d'actifs à hauteur de 2,6 milliards d'euros, a-t-il expliqué jeudi soir.

Le groupe a été notamment affecté par la décision du régulateur de passer à une facturation à 30 jours, au lieu de 28, et par l'arrivée de l'opérateur mobile Iliad fin mai.

Son chiffre d'affaires annuel a reculé de 4,47%, à 18,94 milliards d'euros, en dessous des prévisions des analystes (19,16 milliards).

La chute est principalement liée à la filiale brésilienne, en raison de la dévaluation de 20% du real par rapport à 2017, mais les chiffres en Italie sont aussi moroses.

Tim s'attend en 2019 à des résultats toujours en berne, avant une amélioration en 2020 et 2021.

Dans le cadre de son nouveau plan stratégique, il a indiqué tabler sur une légère baisse de son Ebitda et de son chiffre d'affaires organique en 2019 avant une petite croissance les deux années suivantes.

Le groupe compte par ailleurs réduire sa dette autour de 22 milliards d'euros en 2021, contre 25,3 milliards fin 2018.

Partenariat sur la 5G

Telecom Italia, qui entend réduire ses coûts de 8%, veut se renforcer au Brésil et relancer son activité en Italie en se concentrant sur la qualité, les compétences techniques et l'offre de contenus.

Parmi les mesures annoncées, il entend développer un partenariat en Italie avec Vodafone pour le partage du réseau 5G, afin d'accélérer son développement sur une plus grande échelle et à un coût inférieur.

Les deux opérateurs vont notamment étudier la possibilité de fusionner leurs infrastructures "passives", ce qui représente un total de 22.000 tours de transmission en Italie. L'idée est d'agréger les tours de Vodafone à celles d'Inwit, société contrôlée à 60% par Tim, en accordant aux deux opérateurs la même participation dans Inwit.

Par ailleurs, Tim a lancé des discussions avec Open Fiber, la filiale d'Enel spécialisée dans la fibre optique, afin d'évaluer toutes les options possibles, dont une fusion de leurs réseaux fixes.

Telecom Italia est profondément affecté par un conflit entre ses deux principaux actionnaires, Vivendi et le fonds américain Elliott, qui s'accusent mutuellement d'être responsables des mauvais résultats du groupe et de la chute du titre en Bourse. Celui-ci a perdu 25% en un an.

Une assemblée générale d'actionnaires a été convoquée pour le 29 mars et s'annonce tendue.

Prise de positions

Vivendi, qui détient 23,9% de Tim, demande la révocation de cinq membres du conseil d'administration proches d'Elliott. Un mouvement qui laisse à penser qu'il souhaite reprendre le contrôle de cette instance, que ce dernier lui a ravi en mai.

Vivendi conteste néanmoins une telle analyse. "Ce qu'on voudrait, c'est un conseil indépendant qui ne sert pas que les intérêts d'Elliot, ce qui est le cas aujourd'hui", a déclaré à l'AFP un porte-parole du groupe français, qui a saisi le gendarme boursier italien sur divers problèmes.

En novembre, les dix administrateurs "indépendants", proches d'Elliott, ont décidé la révocation surprise d'Amos Genish, qui dirigeait le groupe depuis 14 mois et est considéré comme un proche de Vincent Bolloré, patron de Vivendi.

Dans la perspective de l'AG, chacun prend position. Le patron d'Elliott, Paul Singer, a accru ces dernières semaines son emprise sur l'opérateur, en contrôlant désormais 9,54% via différents fonds.

Le fonds canadien Canada pension plan investment fund, qui avait voté en faveur d'Elliott en mai, a, lui, augmenté sa position à 3,133%, tandis que la Caisse des dépôts italienne a porté la sienne à 5,03% et devrait encore l'accroître.

La CDP avait aussi voté en faveur d'Elliott en mai, alors qu'elle soutient, comme le gouvernement italien, l'idée d'une fusion avec le réseau d'Open Fiber.

S'il est d'accord pour séparer le réseau, Vivendi souhaite, lui, que Tim continue à en contrôler la totalité.

afp/rp