18 février (Reuters) - Les responsables de la sécurité britannique ne sont pas favorables à une interdiction totale des équipements de Huawei Technologies sur les réseaux nationaux en dépit des allégations américaines selon lesquelles Pékin pourrait utiliser les infrastructures du groupe chinois à des fins d'espionnage, a-t-on appris lundi de sources proches du dossier.

Le premier équipementier télécoms mondial est déjà exclu des appels d'offres gouvernementaux aux Etats-Unis, tandis que l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont décidé de lui interdire de participer à la construction de leurs réseaux mobiles de cinquième génération (5G) pour raisons de sécurité nationale.

Voici la position adoptée dans l'Union européenne et par certains des principaux pays européens.

UNION EUROPÉENNE

L'Union européenne réfléchit à des propositions qui reviendraient à exclure les équipements de Huawei Technologies des réseaux mobiles de prochaine génération, ont dit quatre hauts responsables européens à Reuters en janvier.

Une option envisagée par la Commission européenne est de modifier une loi de 2016 sur la cybersécurité, qui oblige les entreprises impliquées dans des infrastructures jugées critiques à prendre des mesures de sécurité appropriées.

En modifiant la définition de ces infrastructures critiques pour y inclure les réseaux 5G, la loi empêcherait les opérateurs européens d'utiliser des équipements fournis par une entreprise soupçonnée d'espionnage ou sabotage, ont dit les responsables.

ALLEMAGNE

Le gouvernement allemand poursuivra ses consultations avec les opérateurs et les fournisseurs de télécommunications avant de décider de laisser des entreprises chinoises telles que Huawei participer à la construction de réseaux de téléphonie mobile 5G, a rapporté à Reuters une source ce mois-ci.

La chancelière Angela Merkel a déclaré que l'Allemagne aurait besoin de s'assurer que Huawei ne fournit pas ses données à l'Etat chinois avant d'accepter qu'il participe à la mise en place d'un réseau 5G en Allemagne.

Les trois opérateurs télécoms en Allemagne - Deutsche Telekom , Vodafone et Telefonica Deutschland - utilisent des équipements Huawei dans leurs réseaux et ont averti que restreindre le choix de leurs fournisseurs pourrait être coûteux.

FRANCE

La France renforce son contrôle des infrastructures télécoms dans la perspective du déploiement de la 5G mais indique que ces contrôles accrus ne visent pas un équipementier en particulier.

Orange le leader du marché, a annoncé qu'il n'aurait pas recours à Huawei pour l'aider à bâtir son réseau 5G, invoquant les préoccupations des autorités françaises en matière de sécurité.

Orange ne fait pas appel à Huawei en France mais Huawei fournit des équipements pour ses réseaux à l'étranger et déclare espérer participer au déploiement des réseaux 5G de l'opérateur.

POLOGNE

La Pologne envisage d'exclure les équipements Huawei de son futur réseau 5G, ont indiqué des sources à Reuters, après l'arrestation d'un employé chinois du groupe et d'un ancien responsable de la sécurité polonais soupçonnés d'espionnage.

Varsovie, qui cherche à convaincre les Etats-Unis de renforcer leur présence militaire dans le pays, a été félicité la semaine dernière par le vice-président américain Mike Pence pour son engagement à "protéger le secteur des télécoms de la Chine". (Douglas Busvine et Georgina Prodhan, Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Juliette Rouillon)