Madrid (awp/afp) - Le groupe espagnol Telefonica a annoncé lundi discuter d'une fusion entre son opérateur télécoms britannique O2 et Virgin Media, propriété de l'américain Liberty Global, ce qui pourrait créer un poids lourd au Royaume-Uni.

Telefonica a confirmé des informations de presse dans un communiqué adressé lundi à la CNMV, gendarme de la bourse espagnole.

"Telefonica informe que le processus engagé entre les deux parties se trouve dans une phase de négociation, sans que puissent être garantis, à cette date, ni les termes précis ni la probabilité de réussite de celle-ci", selon le géant espagnol des télécoms.

Cette opération rapprocherait O2, opérateur mobile, de Virgin Media, société plus diversifiée et présente dans le mobile, l'internet fixe ou le câble.

O2 est l'un des rares opérateurs à posséder son propre réseau mobile au Royaume-Uni. Il compte au total 34 millions de clients, y compris quelques millions appartenant aux opérateurs virtuels qui louent son réseau, comme Tesco Mobile.

Virgin Media, racheté en 2013 par Liberty Global, le groupe du milliardaire John Malone, compte 6 millions de clients dans le câble et 3,3 millions dans la téléphonie mobile.

"O2 et Virgin Media sont déjà rivaux mais une fusion leur permettrait de proposer un ensemble de services plus solides", souligne Russ Mould, analyste chez AJ Bell.

Leur union ferait de l'ombre au numéro un britannique des télécoms BT, alors même que ce dernier est très endetté et a enregistré des performances financières en déclin ces dernières années.

Elle pourrait également avoir des répercussions sur un autre acteur de poids, Vodafone, qui avait annoncé début 2019 un renforcement de son alliance dans les réseaux avec O2 pour y inclure la 5G.

Selon Goldman Sachs, cité par Bloomberg, la nouvelle entreprise pourrait avoir une valeur de 30 milliards de dollars.

Si elle se concrétisait, ce serait l'opération la plus emblématique depuis l'apparition de la pandémie de coronavirus qui paralyse nombre d'économies depuis des semaines.

Pour Telefonica, ce mariage serait l'occasion de trouver une porte de sortie pour O2, après avoir réfléchi un temps à l'introduire en Bourse.

Mais ce projet avait été mis en sommeil fin 2018 dans le contexte du Brexit. Il faisait suite à l'échec d'un rapprochement entre O2 et son concurrent Three, propriété du conglomérat hongkongais Hutchison Whampoa.

Telefonica avait par ailleurs dévoilé fin novembre 2019 une réorganisation drastique de ses activités, consistant à se focaliser sur ses marchés les plus porteurs (Espagne, Royaume-Uni, Allemagne et Brésil) et à isoler au sein d'une filiale ses activités dans le reste de l'Amérique latine.

Elle survenait à l'issue d'une année 2019 où le groupe a vu son bénéfice net plonger de près de 66%, et même essuyé une perte nette au dernier trimestre.

Le titre Telefonica gagnait 4,11% à la Bourse de Madrid lundi vers 11H00 GMT.

afp/jh