Londres (awp/afp) - Le géant britannique des supermarchés Tesco a annoncé vendredi une hausse de 8% de ses ventes au cours du premier trimestre de son exercice décalé (mars à mai) qui correspond à la majeure partie du confinement au Royaume-Uni.

Les mesures de distanciation sociale face à la pandémie, le recrutement dans l'urgence de nombreux collaborateurs face à l'envolée de la demande pendant le confinement, et une guerre des prix pèsent en revanche sur sa rentabilité et le groupe ne table cependant que sur le maintien de son bénéfice opérationnel.

Comme les autres enseignes, Tesco, numéro un britannique du secteur, a profité d'achats de précautions avant le confinement qui a débuté le 23 mars dans le pays, puis par la suite de la fermeture des restaurants, cantines scolaires ou d'entreprise.

Les supermarchés sont restés ouverts pour subvenir aux besoins des Britanniques, qui ont surtout été très nombreux à se tourner vers les sites de vente en ligne, au point de mettre à rude épreuve les capacités des grandes chaînes.

"En seulement cinq semaines, nous avons doublé nos capacités en ligne pour aider les consommateurs les plus vulnérables et nous avons adapté nos magasins pour préserver la distanciation sociale", note Dave Lewis, directeur général de Tesco.

Le groupe a en particulier recruté 47.000 personnes de manière temporaire pour faire face à la demande.

Revers de la médaille: ces mesures coûtent cher, de l'ordre de 840 millions de livres et la facture n'est pas entièrement couverte par les aides fiscales du gouvernement et la hausse des volumes de vente, ce qui devrait affecter la rentabilité.

Les marges sont également affectées par la décision du groupe de proposer sur certaines gammes les mêmes prix que l'enseigne allemande à bas prix Aldi. Cette mesure, destinée à réagir à la vive concurrence dans le secteur, va désormais concerner 500 produits.

L'enseigne s'attend à un bénéfice opérationnel dans la distribution stable sur l'exercice. Sa filiale bancaire Tesco Bank devrait enregistrer une perte opérationnelle entre 175 millions et 200 millions de livres, la crise économique risquant d'engendrer des défauts de remboursement de crédits.

Au total, au cours du premier trimestre de l'exercice 2020-2021, le chiffre d'affaires a atteint 13,380 milliard de livres, selon un communiqué.

Tesco explique qu'au Royaume-Uni, la fréquence des courses a chuté de 32% mais la taille du panier moyen a grimpé de 64%. Et les ventes en ligne se sont, elles, envolées de 48,5%.

"Le changement dans les habitudes profite à Tesco. La grande taille de ses magasins et les nombreux produits proposés expliquent pourquoi un grand nombre de consommateurs sont passés d'enseigne de discompte comme Aldi à Tesco", souligne Sophie Lund-Yates, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Mais au-delà de la pandémie, "la clé sera de garder ces consommateurs dont la loyauté est temporaire jusqu'à preuve du contraire", selon elle.

De son côté, le cabinet Kantar révélait en début de semaine que les ventes dans l'ensemble des supermarchés britanniques ont bondi de 13,7% au cours des trois mois achevés à mi-juin.

Les évolutions lors des dernières semaines témoignaient toutefois d'un ralentissement et d'un lent retour à la normale à mesure que le confinement est assoupli au Royaume-Uni.

Les pubs et restaurants seront en particulier autorisés à rouvrir à partir du 4 juillet en Angleterre.

Malgré la bonne tenue du groupe pendant la pandémie, les actionnaires en assemblée générale ont rejeté la proposition de rémunération des administrateurs du groupe.

Les principaux dirigeants ont bénéficié d'une hausse de 35% de leur rémunération, dont pour certains comme le directeur général Dave Lewis grâce à un changement dans le calcul de ses bonus qui dépendent en partie des performances de ses concurrents.

M. Lewis devait toucher au total 6,4 millions de livres au titre de l'exercice 2019-2020.

Dans un communiqué, Tesco se dit "déçu" mais sa direction va poursuivre le dialogue pour comprendre les "préoccupations" des actionnaires et "publiera une mise à jour" sous six mois.

Une porte-parole a précisé à l'AFP que dans l'intervalle, la rémunération des administrateurs restait inchangée.

afp/rp