Objectif atteint !

La semaine a commencé sur les chapeaux de roue pour Tesla. Elon Musk s'est vanté dimanche d'avoir (enfin) atteint son objectif de production sur la Model 3, via son outil de communication favori, Twitter : 5 031 modèles sont sortis de l'usine la dernière semaine de juin. Cet objectif était devenu une obsession pour Musk, après une série d'échecs sur la montée en cadence au deuxième trimestre. Les investisseurs sont restés dubitatifs. Désormais, le dirigeant voit plus loin avec un nouvel objectif de production de 6 000 véhicules hebdomadaires d'ici la fin de l'été. Et la confirmation de l'atteinte du seuil de rentabilité par sa société au second semestre.

Alors certes, la production de Model 3 augmente fortement, ce qui réduit les délais de livraison et s'avère prometteur pour la suite, mais à quel prix ? 

Pourquoi personne n'y croit ?

Les rumeurs n'ont pas tardé à circuler après les annonces du weekend, d'autant que la société a révélé en parallèle le départ de Doug Field, chargé de superviser le développement des voitures électriques. Un nom qui vient s'ajouter à la liste des hauts responsables qui ont quitté le navire ces deux dernières années. De là à imaginer que c'est en lien avec l'omnipotence du CEO Elon Musk, il n'y a qu'un pas.

Pour ajouter à la confusion, Bloomberg a déclaré que la chaîne de production de la Model 3 serait en veille jusqu'à vendredi, a priori pour effectuer des opérations de maintenance et d'entretien. Toujours est-il que cela fait 3 jours de production en moins, soit environ 3 000 modèles au rythme actuel.

Mais d'autres sources, relayées notamment par Business Insider, ont dépeint une réalité moins rose derrière ce record de production. Des cadences infernales pour les salariés, dont certains n'auraient pas eu le droit de quitter leur poste avant la réalisation de l'objectif journalier. Des lignes de production de Model S et X laissés en jachère parce que les employés avaient été rapatriés sur la ligne 3 (d'où, semble-t-il, des retards de production de plus de 800 unités sur la Model S). Et même des tests bâclés. Une nouvelle inquiétante qui a beaucoup participé à la chute du titre en bourse. Pour accélérer la cadence, Tesla aurait sacrifié le passage des véhicules électriques au "brake-and-roll test", qui permet d'assurer l'alignement des roues et de tester le fonctionnement des freins. Il n'y a pas de fumée sans feu, dit-on, et les pratiques controversées de la société, avérées ou pas, vont continuer à alimenter la chronique.

Heureusement, Elon Musk n'est pas le seul à manier l'humour moqueur. On laissera le dernier mot à Steven Armstrong, CEO de Ford, qui s'est lui aussi servi de Twitter pour faire passer un message à son remuant homologue.